Le prestigieux Riverbend Cycling Club (RCC) regroupe des gentleman d'Alma qui prennent plaisir à rouler ensemble, le vent de dos, en descendant les côtes. Ce blog a pour but de planifier et de commenter les sorties à vélo. Au-delà de l'anecdote, ces récits sont des leçons de courage et de vertu, mettant en scène des athlètes bedonnants et grisonnants qui embarrassent les routes sans aucune gêne...

mardi 13 mai 2008

Une histoire de cul

Aller-retour véloroute (rang St-Anne). 60 km. (30 k/h moy) 21°C

par Ti-Red
J'ai 1,400 km au compteur et c'est la première fois cette saison que je roule en solitaire. Même s'il fait 21 degrés -- un record jusqu'à présent -- personne ne pouvait se libérer. Je vous avoue que j'ai failli prendre congé tellement je n'aime pas rouler seul. Je me suis dit que, au moins, je pourrais en profiter pour écouter de la musique. J'ai enfoncé les écouteurs de mon baladeur dans mes oreilles, mais je les ai retirés au bout de deux km à cause du bruit du vent.
En empruntant la véloroute, j'espérais ne pas rouler seul trop longtemps mais, une fois passé le camping de la Dam-en-terre, je n'ai plus revu personne. Il faut dire que, même par très beau temps, c'est tranquille sur la piste cyclable, sauf à proximité des villes et des chalets. D'ailleurs, à chaque fois que je me retrouve tout seul sur la véloroute, surtout entre Métabetchouan et Chambord, je songe en souriant aux records d'achalandage qui sont annoncés à chaque année. Et au rythme où vont les choses, le nombre de cyclistes sur la véloroute va finir par dépasser la population mondiale.
Personnellement, en vingt ans de métier, je n'ai jamais vu une étude de marché qui n'était pas bidon. Elles sont toujours commanditées par des promoteurs enthousiastes qui gonflent les données pour obtenir des subventions, avec la complicité des journalistes qui aiment les gros chiffres. De leur côté, les gouvernements ne demandent pas mieux que de financer des projets populaires pour soutenir les régions. Chacun joue à l'autruche, et pourquoi pas ?
Mais, par curiosité, j'aimerais bien connaître la fréquentation réelle de la véloroute, parce que les 210,000 cyclistes qui font le tour du lac à chaque année, je n'y crois pas. Pour le savoir, il s'agirait d'asseoir les étudiants qui font le décompte, non pas à la Dam-en-terre, l'endroit le plus fréquenté, mais en face du musée Louis Hémon, dans le no man's land de Péribonka. Je suis sûr que le nombre de cyclistes serait encore moins élevé que les visiteurs du musée qui, pourtant, est théoriquement à l'abandon.
Chose certaine, il n'aurait pas fallu, tout à l'heure, que les 210,000-cyclistes-qui-font-le-tour-du-lac se retrouvent tous en même temps derrière moi dans le rang des îles à Saint-Gédéon. On aurait entendu un beau concert de blasphèmes ! J'ai failli chuter dans un banc de sable de plage au milieu de l'accotement à l'entrée du club de golf. Juste avant, j'ai dû rouler au milieu de la route pour éviter le gravier, les roches, la boue, les vitres, les crottes de vaches et les nids-de-poules (des gouffres monstrueux comme dirait mon'oncle Yvon).
Il faudrait que mon ami Marc Saint-Hilaire, journaliste au Quotidien, se promène à vélo dans le rang des îles pour dénoncer l'entretien lamentable de la véloroute, comme il l'a fait, hier, au parc de la Pointe-Taillon. D'ailleurs, Marc Saint-Hilaire, accompagné du photographe Steeve Tremblay, en était à sa première balade à vélo de sa vie, et il a détesté son expérience.
-- Je pensais à la gang de fous, dit-il, qui sont allés faire du vélo à Cuba. Je comprends vraiment pas le trip ! On voit absolument rien, sauf le cul du gars d'en avant. Et le soir, on peut pas prendre un coup parce que, le lendemain, il faut être en forme pour continuer de regarder le cul du gars d'en avant...
C'est un point de vue, mettons.
En tout cas, j'ai compris pourquoi je n'aime pas rouler seul.
Ça manque de cul.

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