Le prestigieux Riverbend Cycling Club (RCC) regroupe des gentleman d'Alma qui prennent plaisir à rouler ensemble, le vent de dos, en descendant les côtes. Ce blog a pour but de planifier et de commenter les sorties à vélo. Au-delà de l'anecdote, ces récits sont des leçons de courage et de vertu, mettant en scène des athlètes bedonnants et grisonnants qui embarrassent les routes sans aucune gêne...

mercredi 14 mai 2008

Le bon danseur

Lac Vert classique. 70 km. (33 k/h moy) 23°C

par T-Red
Le beau temps attire les cyclistes, c'est bien connu. Nous étions huit au départ, dont une bonne moitié de grosses pointures avec Harold, Danick et Jonathan. En prime : un vent de sud déchaîné et, surtout, une virulente mise au point de Claude Asselin avant de prendre la route.
-- Bon, qu'est-ce qu'on fait avec toi ?
Claude s'est planté devant le jeune Jonathan (l'électron libre de l'autre jour) et il a vidé son sac sur un ton calme, posé :
-- Écoute, c'est pas agréable de rouler avec toi : tu roules mal. Tu montes le rythme, tu gardes jamais ton rang. On est des chums qui roulent pour le plaisir. Si tu veux faire de la compétition, y'a un club pour ça...
Jonathan était littéralement sonné.
-- Ouais, c'est pas vraiment agréable à entendre...
Claude, toujours calme, a enfoncé le clou jusqu'au bout :
-- Ça nous fait absolument rien si t'es pas là. Mais si tu acceptes de rouler comme nous-autres, t'es le bienvenu...
Les autres ont écouté la scène, à la fois mal-à-l'aise et impressionné par le sang-froid de Claude qui a bien résumé le sentiment général. Le lourd silence qui a suivi fut interrompu par l'arrivée soudaine d'Harold Méphisto Lavoie qui a pointé le menton en direction de Jonathan :
-- Pis, faut-tu lui parler ?
-- C'est fait, Harold, c'est fait, a répondu Ralph dans un éclat de rire général...
Après un moment d'hésitation, Jonathan a pris le départ avec le groupe, et la mise au point de Claude a porté fruit. Loin d'être un imbécile, le jeune électron a vite compris la leçon. Il a fait preuve d'un comportement exemplaire durant toute la randonnée. Au lieu de nous faire chier, il a utilisé sa force et sa jeunesse pour aider le groupe -- en prenant par exemple des relais plus longs quand les autres peinaient dans le vent. Reste à savoir s'il va revenir...
Avec les premières chaleurs et des rafales de 45 km/heure, il y avait de l'électricité dans l'air (pour reprendre l'expression de Ralph). Des flammèches ont jailli à quelques reprises entre les cyclistes qui avaient la mèche de plus en plus courte à mesure que la fatigue augmentait. Les relais échevelés du petit Bernard, mais surtout la tire à plus de 50 km/h de Méphisto à l'approche de Saint-Bruno, ont donné lieu à des échanges viriles qui font la beauté du sport...
Mais tout est bien qui finit bien et cette randonnée électrisante s'est achevée par un sprint magistral qui aurait suscité un applaudissement général si la rue Du Pont n'avait pas été déserte. Un sprint qui donne tout son sens au proverbe préféré de Roger Filion, notre maître à tous : " C'est à la fin de la soirée qu'on reconnait les bons danseurs !"
Et qui a gagné le sprint ? Qui ?
La modestie m'empêche de répondre.

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