Le prestigieux Riverbend Cycling Club (RCC) regroupe des gentleman d'Alma qui prennent plaisir à rouler ensemble, le vent de dos, en descendant les côtes. Ce blog a pour but de planifier et de commenter les sorties à vélo. Au-delà de l'anecdote, ces récits sont des leçons de courage et de vertu, mettant en scène des athlètes bedonnants et grisonnants qui embarrassent les routes sans aucune gêne...

jeudi 22 mai 2008

Une guidoline en or

Larouche-Lac Vert. 65 km. (32 k/h moy) 16C
par Ti-Red

J'ai connu une de mes meilleures sorties aujourd'hui en compagnie de Roger, Pierre et Jonathan. Je n'arrivais pas à me faire mal... Non seulement j'étais à l'aise durant tout le parcours mais je me retenais de peser sur les pédales. Il faut dire que la randonnée était facile. On était presque toujours au ralenti. D'abord à cause de Roger qui ne lâchait plus le relais, habitué de rouler seul, ou avec Thodore et Lucie...
-- Inquiète-toi pas, Roger, tu peux lâcher. On est capable de prendre des relais.
Et quand Roger a fini par couper ses relais et suivre le rythme, il a subi un bris mécanique. Pierre Landry s'est empressé de lui venir en aide pendant que je pissais tranquillement au milieu de la route, au pied de la côte Velcro. Jeune et bourré d'énergie, Jonathan s'entraînait à monter la côte en attendant notre retour.
-- C'est quoi le problème ? que je demande à Roger, en me secouant la queue distraitement.
-- Je suis en train de perdre mon guidon.
Sa réponse aurait dû m'étonner car Roger roule sur un Argon 18 flambant neuf. Mais j'ai ma petite idée sur les guidons qui lâchent...
-- Ça, Roger, c'est à cause du carbone. Les mécaniciens ont tellement peur de briser le carbone qu'ils utilisent des clés dynamométriques. Et ça vaut pas d'la marde, ces maudites clés-là, pour serrer un guidon ! D'ailleurs, je suis écœuré de...
Mais Roger me coupa la parole au milieu de mon envolée.
-- C'est mon porte-bidon qui est brisé. Pas mon guidon. On se calme.
-- Ah, j'avais mal compris. Mais je pense quand même que les clés dynamométriques...
-- Criss-nous la paix avec tes clés. On s'en sacre !
C'est toujours pénible de repartir après une longue pause -- surtout quand il faut prendre le premier relais -- mais au bout de deux ou trois kilomètres, passé les premières côtes du Mont Lac Vert, le peloton avait retrouvé son rythme... jusqu'au moment où le cellulaire de Pierre Landry s'est mis à sonner. Un coup, deux coups, trois, cinq... Une ostie de sonnerie à marde qui est venue péter ma bulle alors que je roulais en tête, à fond de train, à l'aise, tout léger, concentré...
Je peux me tromper mais je connais personne qui est assez important pour être obligé de répondre au téléphone à vélo. Personne. Passe encore si le cycliste est assez fort (comme Claude Asselin, Marc Villeneuve) pour prendre l'appel sans ralentir le peloton. Ce qui n'était manifestement pas le cas de X-Large qu'on a complètement perdu dans la brume. J'ai même dû rebrousser chemin.
-- Pis ? dis-je. C'était important ?
-- C'était mon fils de 19 ans qui cherchait une paire de bas.
Une paire de bas. Ça s'invente pas. Sacrement !
Signe des temps, j'ai croisé un cycliste, l'autre jour, avec un émetteur bluetooth dans l'oreille. C'est la grosse mode chez les clowns qui aiment se faire remarquer et, effectivement, on ne peut pas les manquer : ils ont l'air de Robocop. On dirait qu'ils ont une télécommande de télé enfoncée dans l'oreille. À chaque fois, je pense à mon père que la vieillesse avait rendu sourd et qui refusait par fierté de porter un appareil auditif, pourtant minuscule. Il ne voulait pas avoir l'air d'un handicapé...
-- T'es en forme ce soir, mon Ti-Red. Tu pètes le feu !
Pour la dixième fois, le peloton avait repris sa vitesse de croisière. Je venais de prendre un long relais entre les deux Héberville, avec un bon vent de côté.
-- Merci, mon Roger. C'est à cause de ma nouvelle guidoline. De la puissance à l'état pure.
-- T'as changé de guidoline ? Elle est pareille à l'autre.
Pareille à l'autre, oui, et noires toutes les deux. Sauf qu'elle coûte 60$ !!! Je n'en reviens pas encore : j'ai payé 60$ pour du tape sur le guidon ! C'est plus cher que le prix de toutes les guidolines que j'ai achetées depuis que je suis au monde. Sensible aux chants des sirènes, je n'ai pu résister aux arguments de la belle Nancy Couture de Vélo-Cité. Elle m'a récité avec sa belle voix un paquet de niaiseries sur le gel-à-mémoire qui évite les tensions aux tendons d'achile, et blablabla...
Si mon ami André Bear Ouellet apprend ça, il me tue. Le pauvre André, qui est un apôtre de la simplicité volontaire sans le savoir, fabrique lui-même ses guidolines par souci d'économie. La dernière fois qu'il a sorti 60$ de ses poches, c'était pour s'acheter un char. Je me souviendrai tout le temps de la fois où il m'a demandé combien j'avais payé une vieille armoire (700$) que je venais d'acheter chez un antiquaire. Je risquais de perdre toute crédibilité si je lui disais la vérité.
-- Je l'ai payé cher, dis-je simplement.
-- Allez,dis-le. Combien tu l'as payé ?
-- Trop cher.
-- Non, dis-moi pas que t'as payé ça 100 piastres ?

Heureusement, André ne lit pas ce blog. De nos jours, avec 100 piastres, on n'a plus rien. Tout juste une guidoline...


TÉMOIGNAGE DE PIERRE X-LARGE LANDRY

Daniel, Roger et moi, nous sommes parties en douce à 16 hres 30 de la Friperie, tout fier d'avoir évité Méphisto et The terrible entre autres terreurs. Vent léger, température fraiche, nous amorçons notre départ sur St-Jude et, rendus près de l'intersection Route du lac, nous croisons l'ami Bernard et son Nephew Jonathan. Je ne sais pas pourquoi Roger et Daniel y vont de salutations plutôt timides... À la blague, je leur dis que Jonathan a fait demi tour pour venir nous rejoindre. Trente secondes plus tard, The Nephew est derrière nous. Évidemment, nous l'accueillons tout sourire...
Après quelques kilomètres, nous constatons que Jonathan a bien compris les propos pédagogiques de Sphinx Asselin : ses relais et sa vitesse respectent notre rythme de façon exemplaire. Roger the Fox y va d'ailleurs de renforcements élogieux à son égard, ce qui me rend septique mais enfin...
Tout juste avant la montée de Larouche, Fox refile habilement le relais à Jonathan. La montée s'amorce plutôt corsée et, bien sûr, Ti-Red suit sans problème tandis que Fox me double, bien assis sur sa selle, pour ne pas laisser les deux autres s'échapper. Debout sur les pédales, je m'accroche à Fuck, pardon, Fox, et nous restons groupés dans une typique ascension de début de saison : les cuisses en feu, le cardio dans le plafond...
Nous poursuivons à un rythme intéressant. Ti-Red me semble en grande forme car, à chaque relais, il augmente la vitesse. Heureusement, Johathan a compris que ça, seul Ti-Red peut le faire... De son côté, Fox ne perd pas un coup de pédale mais, comme tout propriétaire de vélo de 10 000 $ et plus, il perd un morçeau en chemin (support de bidon).
Je cherche des ty rap pour réparer la bête mais en vain. On décide de placer les pièces du porte-bidon dans nos poches de maillot.
Le rythme demeure bon et en arrivant près d'Alma, nous doublons un Proco genre no name qui s'accroche. En voyant ça, Jonathan prend les choses en main : ses relais sont dans le prélard. Le faux Proco toffe jusque sur St-Judes et, à 1500 pieds de l'arrivée, Ti-Red et the Fox engagent un sprint final ! Le Proco, moi et Jonathan, qui avons tiré les derniers kilomètres, laissons filer les sprinters, en leur laissant croire à une habile victoire.
Jonathan cependant reste songeur. Il se demande si le Sphinx était sérieux...


TÉMOIGNAGE DE ROGER FOX FILION

Après avoir lu le dernier texte de Ti-Red, je dois me faire un devoir de remettre les choses à l’ordre. Je m’en veux de lui avoir fait trop de compliments, mais honnêtement, je ne croyais vraiment pas qu’il allait prendre mes éloges au sérieux.

Comme Ti-Red ne supporte pas mieux les compliments qu’un alcoolique ne supporte l’alcool, il est devenu tellement imbu de lui-même, qu’il s’est permis de se lancer debout dans un sprint effréné (hi ! hi ! hi !) avant d’arrivée à la Friperie, après au moins 5 km sans prendre un seul relais. Toujours bien assis sur ma selle, je prends sa roue tout en donnant des petits coups de frein pour ne pas le dépasser. En arrivant, tout essoufflé et tout fier de lui, il me dit « Ce soir je l’avais en tabarnacle ». Comme dirait Long-Rifle, c’était pathétique.

Ça me fait mal au cœur de dire la vérité car comme vous savez tous, je l’avais choisi pour être mon dauphin. Oups ! Excusez moi j’ai un appel……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

C’était Jonathan le Goéland, il me demandait si c’était possible pour moi d’aller rouler seul avec lui, car il fait des compétitions et il ne veut pas baisser sa forme. Il accepterait peut-être Yvan The Terrible car selon lui il commence à être pas mal tanné de rouler avec son vélo de montagne avec l’équipe « B » du Riverbend Cycling Club.

Pour revenir à Ti-Red, ma dernière sortie avec lui en était une des plus faciles depuis que je fais du vélo. Toutefois, comme dit souvent Régis « Le Vrai » Tremblay, il en faut des journées de repos actif.

P.S. Ne pensez pas que si je me suis endormi à 9h00 devant mon téléviseur après ma sortie avec Ti-Red, que c’était parce que j’étais fatigué. C’est la programmation qui était plate.



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