Le prestigieux Riverbend Cycling Club (RCC) regroupe des gentleman d'Alma qui prennent plaisir à rouler ensemble, le vent de dos, en descendant les côtes. Ce blog a pour but de planifier et de commenter les sorties à vélo. Au-delà de l'anecdote, ces récits sont des leçons de courage et de vertu, mettant en scène des athlètes bedonnants et grisonnants qui embarrassent les routes sans aucune gêne...

lundi 28 avril 2008

Un ouragan et des faucons

Alma-Métabetchouan. 60 km. (28 moy) 11°C

par Ti-Red
Un vent d'est de 50 km/heure avec des rafales à 60 ! Comme dirait Mario Lemieux : c'est quelque chose...
Malgré le mauvais temps, André Ouellet n'avait pas le choix de rouler. Sans consulter la météo, il était monté à vélo à Roberval, la veille, pour aller dormir chez lui, et il devait redescendre à Alma aujourd'hui pour aller travailler.
J'ai décidé d'aller le rejoindre, même s'il fallait partir du mauvais côté... En fait, par tradition, les cyclistes évitent de rouler vers le lac Saint-Jean tant que les glaces ne sont pas calées -- ce qui se produit vers la mi-mai -- parce que le fond de l'air est beaucoup plus froid. Un phénomène que j'ai effectivement ressenti à mesure que j'approchais de Saint-Gédéon.
Je roulais entre 40 et 45 km/heure, facile, à l'aise, poussé par un gros vent de fou, en songeant à mon ami André qui, lui, devait lutter tout seul contre la nature déchaînée... Dans ma tête, j'essayais de calculer à quel endroit j'allais le rejoindre -- en tenant compte du vent et de l'heure du départ -- et c'est à cet instant précis que j'ai aperçu un magnifique faucon dans le ciel nuageux... L'oiseau de proie volait au-dessus du petit marais de la piste cyclable, entre Métabetchouan et Saint-Gédéon.
Il faut dire que ma passion pour les oiseaux est toute récente. Elle remonte à deux jours. C'est mon urologue préféré, Jean Robert, qui m'a donné ma première leçon d'ornithologie, samedi, au milieu du peloton. Il m'a montré un faucon qui volait au loin, très loin, dans un boisé près de Larouche... Candidement, j'ai avoué à Jean Robert que je ne connaissais rien aux oiseaux. Pour moi, tous les petits oiseaux sont des moineaux, et les plus gros des corneilles.
-- C'est facile, m'a-t-il expliqué. Si tu vois un oiseau gros comme une corneille, mais qui est brun au lieu d'être noir, c'est probablement un faucon...
Facile, en effet. Et c'est exactement ce que j'ai vu au-dessus du marais de Saint-Gédéon : une espèce de corneille qui n'était pas noire. Or, j'ai commencé à douter de mes talents d'ornithologue après avoir compté une trentaine de faucons pèlerins (les plus rares) entre le marais et Le Rigolet, deux kilomètres plus loin, où j'ai rejoint mon ami André qui s'était arrêté pour pisser...
Dire qu'il était fatigué est un euphémisme. Il luttait depuis une heure contre des bourrasques de vent glacial qui soufflaient jusqu'à 60 km/h... Il était tellement heureux de me voir qu'il m'a accueilli en Sauveur. Sauf que je ne pouvais pas faire grand chose pour lui, à part lui parler de l'invasion de faucons, ce qui a semblé l'ennuyer. Fatigué ou pas, il fallait continuer de pédaler jusqu'à Alma.
Les premiers kilomètres n'ont pas été trop pénibles. Nous étions relativement bien protégés du vent par la butte de la voie ferrée longeant la piste cyclable jusqu'à Saint-Gédéon. Les problèmes ont commencé après le village, sur la Route du Lac, où les champs sont directement exposés au vent de l'est. Si c'était à refaire, j'aurais emprunté la piste cyclable, même si elle était pleine de terres, de roches, de vitre, de clou, de glace, de neige et de marde...
Entre Saint-Gédéon et Alma, je n'osais pas regarder le compteur tellement les vélos n'avançaient pas. On pédalait en silence sur le petit plateau, avec des relais de plus en plus courts. Une heure plus tôt, sur le même chemin, je filais à 50 km/heure... alors que la moyenne était maintenant de 20 km (et quand je dis 20 km, je me vante...) À un moment donné, dans un faux plat, André est descendu sous les 15 km/heure en forçant comme un ours. Quand il a lâché le relais, j'ai trouvé la force de lui réciter la devise du club -- un vieux gag qui fait toujours son effet: "Le vent est mon ami... il nous endurcit..."
Il a souri.
J'ai repris le relais pour quelques mètres, les yeux fixés sur la voie ferrée en face de l'ancien entrepôt Molson. L'aventure achevait. En arrivant à la voie ferrée, j'espérais voir apparaître le train pour nous couper du vent. Au lieu de quoi j'ai aperçu un étrange oiseau qui se laissait porter par les courants.
-- Ah, non. Pas encore un ostie de faucon !
-- Quoi ? hurla André Ouellet, à bout de souffle.
-- Laisse faire...

jeudi 24 avril 2008

Le sprint de Patrice

Alma-Lac Samson. 60 km. (34 k/h moy) 15°C
par Red
Le cyclisme est une école d'humilité.
Voilà un adage que j'entends depuis trente ans et qui repose sur le fait que, à vélo, sauf pour Lance Armstrong, on se retrouve souvent confronté à des athlètes plus forts, qui nous mènent la vie dure. Et parfois même confronté à des cyclistes plus faibles mais qui se trouvent dans un meilleur jour.
Ce vieil adage se confirme à chaque sortie depuis le début de la saison.
Encore tout à l'heure, on roulait à quatre sur la 170 entre Larouche et Jonquière. J'ai pris mon relais devant Pierre Landry, Patrice Gobeil et Harold Lavoie. Le vent était légèrement favorable. Je roulais à bloc, tête baissée, concentré à maintenir le rythme autour de 38 km/heure, quand un cycliste est apparu dans le peloton... C'était un coureur de l'équipe de compétition EVA Devinci, Charles Thibeault, qui sortait du village de Larouche et qui nous avait facilement rattrapé.
Alors que j'avais du mal à maintenir le rythme, l'ami Charles roulait à côté de moi, du côté du vent, en jasant tranquillement, les mains en haut du guidon. Il se reposait, l'animal... J'aurais bien voulu lui parler -- il est chaleureux, sympathique -- mais j'étais trop essoufflé.
Voilà ce qui s'appelle une leçon d'humilité.
Une leçon de courte durée parce que Charles a filé droit vers Jonquière une fois rendu à l'échangeur.
Au retour, avec le vent de face, le rythme avait baissé autour de 30 km/heure. Je trouvais que Patrice et Pierre maintenaient la cadence plus facilement que moi, mais il faut dire qu'ils sont tous les deux... disons... plus costauds. Et comme le dit si bien mon mentor, Roger Filion : une roche est plus solide dans le vent qu'une feuille de papier...
Je veux bien le croire, sauf que Harold Lavoie, poids plume par excellence, était de loin le plus fort des quatre dans le vent. Il montait le rythme de 5 km/heure à chaque relais, et il maintenait la pression sans faiblir, même dans les côtes. Le pire, c'est qu'il ne le faisait même pas exprès...
Bref, je suis écœuré en ostie d'avoir des leçons d'humilité !
En plus, j'avais la chance de rouler dans la roue de Patrice qui protège bien du vent, alors que lui roulait derrière Harold qui n'offre pas l'ombre d'un soupçon de protection... Non seulement Patrice ne s'est pas plaint de son sort, mais il s'est permis d'accélérer et de doubler Pierre Landry en fin de parcours... J'ai d'ailleurs sauté dans la roue de Patrice et je restais bien calé derrière lui alors qu'il roulait à fond de train en face de Alma Honda...
-- Qu'est-ce qui se passe ? me demande Harold Lavoie qui est remonté à ma hauteur en buvant une gorgée d'eau.
Pierre Landry n'avait pas suivi. Il était déjà loin derrière.
-- Heu... Patrice fait un sprint... que je réponds, un peu gêné.
-- C'est un sprint, ça ? demande-t-il en avalant une autre gorgée d'eau.
Patrice avait perdu de la vitesse et restait bien assis sur son vélo...
-- Si on veut... oui... en quelque sorte...
-- Et on a le droit de faire ça ? s'étonne Harold qui ne connait pas encore les us et coutumes du Riverbend cycling club.
Je n'ai rien répondu mais, non, on n'a pas le droit de faire ça. Un sprint, oui. Mais pas ça.

lundi 21 avril 2008

Éloge de la régularité

Alma-Lac Samson. 60 km. (33,5 k/h moy) 15°C
par Ti-Red
Je viens de me taper un petit 60 kilomètre avec Claude Asselin et Patrice Gobeil qui sont parmi les rouleurs les plus réguliers et les plus fiables du peloton. Quand on leur laisse un relais à 32,6 km/heure, ils poursuivrent à 32,6 km/heure. Réglés comme des métronomes. Ils roulent droit et ne freinent jamais, ce qui réduit considérablement les risques de chute. Sur un parcours plat comme la 170, ils sont tellement réguliers, rythmés et constants, que je finis par plonger dans ma bulle, branché sur le pilote automatique.
Mais pour crever la bulle, quoi de mieux qu'un ostie de baveux qui lâche un cri de mort en nous frôlant à 120 km/h avec une vieille Pontiac Sunbird ! J'ai tellement fait un saut que j'ai failli m'évanouir sur mon vélo. La Sunbird était disparue depuis longtemps que je continuais de faire des doigts d'honneur en sacrant.
Une heure plus tard, sur le chemin du retour, même scénario : un jeune sort la tête par la vitre d'une minoune pour nous faire sursauter. Encore là, j'ai hurlé une série infinie de blasphèmes en espérant que la minoune s'arrête. Mais jamais, hélas, jamais les minounes ne s'arrêtent... Et si c'était le cas, c'est sûr que la poussée d'adrénaline ferait des dommages. Et je penses que le jury comprendrait.
Ce n'est d'ailleurs pas la première ni la dernière fois que j'ai des idées de meurtre à vélo. Une fois, sur l'heure du midi, en plein soleil, je roulais paisiblement entre Delisle et St-Coeur-de-Marie, et une voiture a ralenti à ma hauteur. Un jeune homme a descendu sa vitre en souriant, et alors que je lui retournais son sourire, il m'a lancé un mégot de cigarette allumé. Le feu a brûlé mon maillot sur une épaule... Je me revois encore, fou de rage, debout sur le vélo, en train d'essayer de rattraper l'auto...
J'imagine que c'est normal et amusant à 16 ans de prendre plaisir à faire freaker les cyclistes -- la connerie est contagieuse comme dit Patrice. Moi, à cet âge-là, je me souviens que, parfois, le soir, avec des amis, pour tuer l'ennui, on passait dans les marres d'eau, en voiture, pour arroser les vieux qui marchaient sur le trottoir, à la sortie de l'église.
Est-ce que c'était moins pire que d'effrayer les cyclistes ?
Pas sûr.

dimanche 20 avril 2008

Des rats en lycra

Alma-Échangeur. 70 km. (34,5 k/h moy) 10°C.
par Ti-Red
L'engouement pour le vélo est vraiment phénoménal.
Hier, sur la route 170, nous avons croisé des dizaines et des dizaines de cyclistes, seuls ou en groupe. Ça sortait de partout comme des rats (en lycra)... Pourtant, il faisait 10 degrés. Pas 30 ni 20. Même pas 15. Seulement 10 degrés. En plein mois d'avril.
Il y a une dizaine d'années, les vrais cyclistes n'étaient pas nombreux à Alma, surtout au moins d'avril. Après les belles années du club Tourcom, on aurait dit que tout le monde avait abandonné le vélo en même temps. Je me souviens que je roulais presque toujours tout seul, et parfois avec deux autres malades, André Ouellet et Yvon Fortin. À l'époque, chez Alma Bicycle, il n'y avait aucun vélo de route sur le plancher. Aucun. Et à peine deux ou trois Marinoni chez Vélo-Cité.
Aujourd'hui, les marchands de vélo font des affaires d'or et les manufacturiers fournissent à peine à la demande. Et c'est sûrement vrai : je l'ai entendu à la radio...
(écouter le reportage)

Aujourd'hui, nous avons fait notre première sortie de groupe. Un peloton d'une dizaine de cyclistes, en comptant les trois coureurs du club Acidose Lactique (quel horrible nom) remorqués en chemin. J'avais l'impression d'être au mois de juin à cause du nombre de cyclistes dans le peloton, mais aussi à cause du rythme de la randonnée : tout près de 35 km/heure de moyenne.
Une cadence aussi élevée à ce temps-ci de l'année est rarement appréciée, étant donné que la majorité des cyclistes n'ont presque pas roulé. Heureusement le peloton roulait égal, à l'exception d'un petit nouveau, André Bergeron, rencontré par hasard au départ à la Friperie, qui a péché par excès de zèle. Il voulait tellement bien faire qu'il en faisait trop...
À l'arrivée, je faisais partie des cyclistes fatigués, et donc d'autant plus impressionné par les performances de Ralph Long Rifle Doyle qui pétait le feu ! Il m'a donné un relais à 32 km/h, le vent de face, dans le faux plat après Saint-Bruno, et j'ai descendu la vitesse à 26 en me retenant de vomir...
Le pire, c'est qu'il a roulé presque tout le trajet sans s'abriter du vent, parce qu'il a peur, même s'il prétend le contraire, de coller les roues (sur la photo, il porte le maillot rouge). Faut croire que la peur, tout comme le vent, endurcit...

COMMENTAIRE DE PIERRE X-LARGE LANDRY

D'habitude, quand je reviens d'une sortie, je fais semblant d'être top shape, pour éviter que ma douce me dise que je fais trop de vélo... Hier, je lui avait même promis de démonter l'abri Tempo à mon retour...
Mais fuck l'abri Tempo !
J'avais l'air d'un zombie au milieu du salon. Il me restait juste assez d'énergie pour ramper à quatre pattes jusqu'au divan... Le pire, c'était de me rappeler les paroles de Ralph, le grand tabarnak, qui a eu le culot de dire qu'il avait trouvé ça mollo... Sur quelle planète il vit, lui, maudite marde maudite ! Sans compter l'autre martien qui se cherchait une petite sortie pour compléter son premier 1000 kilo...
L'an prochain, c'est promis, je pars à Varadéro tout le mois d''avril...

jeudi 17 avril 2008

Un 22 degrés au mois d'avril

Alma-Lac Samson. 60 km. (33 k/h moy) 22°C.
par Ti-Red
Comme dit le proverbe : quand il fait 22 degrés, il faut aller rouler ! J'ai rejoint mon vieux pote André Ouellet à la Friperie en fin d'après-midi, et nous sommes partis en plein soleil, en cuissard court, sans tuque ni chaussette.
Or, ce que le proverbe ne dit pas, c'est qu'un 22 degrés au mois d'avril, avec les lacs gelés et les bancs de neige, c'est moins chaud sur la route que sur son patio. Je regrettais mes chaussettes...

Durant la première heure, on a roulé en silence, à un rythme confortable. J'avais hâte de revenir à la maison pour regarder le match de hockey entre Montréal et Boston. D'ailleurs, dans le village de Saint-Bruno, on a croisé plusieurs voitures avec des fanions du Canadiens. Curieusement, il y a beaucoup plus de fanions à Saint-Bruno qu'à Alma, sans doute parce que ce petit village, situé au sud du comté, est presque en banlieue de Montréal.
Fanions ou pas, je me disais, en passant devant les cendres du restaurant Marchand, que c'était difficile de trouver un village plus laid -- à part peut-être Desbiens, Larouche et Lamarche. Quand la Station de pompage est le plus édifice dans un village, y'a un petit problème.

Et pour ceux qui s'inquiètent de ma prostate, je peux vous dire que la situation s'améliore. Je n'ai plus de fièvre, plus de douleur... mais plus de pression. Au milieu du parcours, au Lac Samson, quand on s'est arrêté pour une pause, j'ai pissé sur mes souliers. Un peu gênant.
J'aurais sans doute oublié rapidement ce petit incident si je n'avais pas eu aussi froid au retour du Lac Samson. Un retour qui m'a paru interminable. Le ciel s'est ennuagé, le mercure a chuté, et comme j'avais les pieds mouillés...

mercredi 16 avril 2008

Chroniques cubaines

Par : Patrice Gobeil

Pour la lecture des présentes chronique, il est conseillé de mettre le CD de Buena Vista Social Club (pour ceux qui ne l’ont pas, vous pouvez faire jouer en boucle la version de Guantanamera de Joe Dassin). Vous pouvez aussi vous préparer un bon mojito (voir la recette) ou quelque autre daiquiri. Il est aussi possible de vous allumer un Cohiba, un Montecristo ou un savoureux Romeo y Julietta. L’important, c’est de créer et de sentir une petite ambiance cubaine. SUITE

mardi 15 avril 2008

Récupération ? Bof...

Alma-Lac Samson. 60 km. (33 k/h) 9°C.
par X-Large Landry
Alors que Ti-Red est contraint à l'inactivité depuis une semaine et qu'il sort à peine d'une période intense de fièvre, nous avions convenu d'une sortie relaxe, histoire de récupérer et de reprendre le beat printanier chèrement acquis par quelques sorties courageuses. Sauf que ce plan d'avant-match ne tenait pas compte de la présence de Bear Ouellet qui, Ô surprise, s'est présenté au départ avec son rutilant vélo de route, noir et menaçant comme un ours... noir. Et comme on avait déjà de la difficulté à le suivre avec son vieux cyclo, on peut aisément deviner la suite...
Libéré de ses valises violettes, Mister Bear ne semblait pas capable de rouler moins vite que 40 km/h, ce qui a contraint Ti-Red, de façon exceptionnelle, à sauter ses relais. De mon côté, par instinct de survie, j'ai réduit la vitesse de 5 à 8 kilomètres à chacun de mes relais. Un message pourtant clair que le gros Winnie n'a jamais compris. Même qu'il me félicitait pour mes longs relais, Simonac !
À l'arrivée, Ti-Red n'était pas beau à voir : les joues creuses, les yeux enfoncés, il ressemblait à sa prostate... Malgré tout, il semblait satisfait d'avoir roulé malgré la maladie. Chose certaine, nous étions tous les trois soulagés d'avoir un peu grugé l'avance de la maudite gang de ''cuba '' qui nous pousse dans le cul sans répit...

dimanche 13 avril 2008

Congé forcé

par Ti-Red
Depuis deux jours, il neige sur Riverbend.
Même avec la meilleure volonté du monde, ce n'est pas possible d'aller rouler. En temps normal, j'aurais des mauvaises pensées -- un mélange de haine et de jalousie -- pour les chanceux qui vont revenir en pleine forme de Cuba. Mais le temps n'est pas normal.
Je suis malade.
Après trois jours de fièvre, je me pensais victime d'un petit virus de rien du tout, mais j'ai commencé à me poser des questions quand je suis devenu incapable d'uriner. Et quand j'y parvenais, loin d'être un soulagement, j'avais l'impression de pisser du feu... Le médecin de l'urgence a diagnostiqué une prostatite.
Sacrement, une prostatite !
Je savais même pas que j'avais une prostate... Je pensais que c'était un truc de vieux comme la coqueluche est un truc d'enfant. Mais quand le médecin a enfilé ses gants pour
fouiller mon intimité, j'ai réalisé dans la douleur que j'étais devenu vieux... Après avoir prescrit une tonne d'antibiotiques, le médecin m'a conseillé de rester au moins une semaine sans rouler. Sauf que le toubib croyait s'adresser à un être humain normal. Pour un membre du prestigieux RCC, une semaine, ça veut dire deux jours. Maximum. Surtout qu'on prévoit 18 degrés jeudi.
De toute façon, je vais prendre conseil auprès d'un vrai docteur car, parmi mes dizaines d'amis, et c'est pas pour me vanter, j'ai la chance de pouvoir compter sur un urologue. Et pas n'importe lequel. Un urologue cycliste -- phénomène sans doute unique au monde.
Mon ami Jean -- pour protéger son identité, appelons-le Jean Robert -- mon ami Jean va sûrement m'encourager à rouler. Je songe même à lui proposer de m'accompagner à vélo durant toute la saison, question de surveiller ma prostate en temps réel. Je ne vois pas pourquoi il dirait non, d'autant plus qu'il n'a plus toute sa tête depuis qu'il a fait une chute épouvantable à vélo l'an dernier entre les deux Héberville.
Il ne faut surtout pas que j'oublie de prendre rendez-vous demain.
(Ce texte a été écris sous l'effet de la fièvre.)

vendredi 11 avril 2008

Rendez-vous doux avec Bear

Vendredi. Larouche-Lac-Vert. 60 km. (29,4 k/h) 4°C.
par Pierre X-Large Landry (et Ti-Red)
En l'absence de Daniel Ti-Red Boivin, terrassé par la fièvre, je suis allé rouler avec Bear Ouellet. Une sortie qui s'est avérée froide mais tout de même très agréable. Bear a été constant comme un métronome et toujours aussi impressionnant avec son traineau à deux roues (ailé et sacoché) tout croche. L
e bilan n'est pas si mal : 29.4 de moyenne, et j'insiste sur le .4...
Mon compagnon de route, fidèle à son mentor, Ti-Red, s'est arrêté au milieu du parcours pour une pause pipi. Moi j'avais la vessie beaucoup trop gelée. Au retour, André a suggéré d'écourter un peu la sortie -- en passant par le pont de fer -- sous le romantique prétexte de se
garder des forces pour honorer sa nouvelle blonde... Et il avait déjà commencé à préparer sa nuit car, à plusieurs reprises, quand je roulais derrière nuit, j'ai trouvé qu'il sentait bon. D'ailleurs, André est sans doute le seul cycliste au monde qui prend sa douche avant et après les sorties pour protéger ses cuissards. Il m'a confié le nom de son parfum , mais j'ai mal compris à cause du vent : ça ressemble à "Ginseng quelque chose". En tout cas, c'était vraiment pas du "Georgio qui pue"et je pense que sa douce ne pourra pas lui résister...

mercredi 9 avril 2008

Ah, les premières côtes !

Lac-Vert Larouche (à l'envers). 60 km. (29 k/h) 11°C. Vent est 35 k/h

par Ti-Red
Après trois sorties sur le plat, on a décidé, André Bear Ouellet et moi, de faire le tour du Lac-Vert, avec retour par la 170 (Larouche). Ce parcours permettait d'éviter le vent de face qui soufflait très fort de l'est, mais au prix de quelques côtes qu'il n'est pas possible de contourner... Certes, les côtes du Lac-Vert ne sont pas insurmontables -- on est loin de la haute montagne (dans tous les sens du terme) -- mais elle
suscitent malgré tout une certaine appréhension en début de saison. Il faut dire que même la bute de l'ancien Palais de quilles suscite de l'appréhension à ce temps-ci de l'année...
Mais Bear Ouellet avait plus de raisons que moi de craindre les premières côtes, et il ne s'est pas privé d'en parler. À chaque élévation de la route, même d'un centimètre, il me répétait que son vieux cyclo était lourd, sans compter son propre poids qui me dépasse d'au moins 40 livres. Et effectivement, les lois de la gravité ont été respectées... Les mains en haut du guidon, presque en sifflotant, j'ai distancé rapidement le gros ourson dans la Côte des vaches, en face de la fromagerie Lehmann, pour complètement le perdre de vue au sommet de la Côte des souffrances, près du rang St-André. Et pour ceux qui se demandent d'où cette côte tire son nom, vous auriez dû voir le visage de mon compagnon...

Bref, je peux vous dire que les valises violettes ne brassaient pas fort...

Mais l'ours est soudainement sorti de son hibernation sur le chemin du retour
, où il fait une autre brillante démonstration que le vent de dos est sa spécialité. Comme si une mouche l'avait piqué, il s'est brusquement levé sur sa monture pour entreprendre un long et puissant sprint (qui me fait encore mal aux jambes...) Par pur instinct, il avait décidé de chasser un cycliste de Jonquière qu'on apercevait au loin, et qui a fait demi-tour au moment où on allait le rejoindre. J'ai demandé à André s'il le connaissait. "Non, dit-il, mais j'ai jamais vu quelqu'un avec un si gros nez..."
Moi non plus.

dimanche 6 avril 2008

Les sacoches violettes

Dimanche. Alma-Échangeur. 60 km. (32 k/h) 6°C. Soleil. Vent est 30 k/h
par Ti-Red
Après une première randonnée tranquille, c'était déjà le retour aux choses sérieuses. Dès la sortie de la ville, le petit groupe de quatre cyclistes était mené tambour battant par un Philippe Mimeault au sommet de sa forme, qui imposait un rythme élevé malgré un bon vent de face. C'est toujours comme ça le printemps : les cyclistes comme Philippe qui font du spinning durant l'hiver ont une longueur d'avance, et ils ne peuvent s'empêcher, consciemment ou non, de faire souffrir les autres, dont Pierre Landry et moi. C'est de bonne guerre !
Mais celui qui m'a le plus impressionné, c'est mon vieux pote André Bear Ouellet, chaussé avec des bottes de travailleur, qui roulait à fond de train sur un vieux cyclo sale qu'il a payé 50$ dans un marché aux puces. J'ai passé toute la randonnée à fixer les vieilles sacoches violettes qui ballottaient de chaque bord de la roue, en espérant qu'il me laisse le relais le plus tard possible. Malgré toute ma bonne volonté, j'étais contraint de baisser le rythme, et mon ami André, en témoignage d'amitié, faisait semblant qu'il n'avait rien remarqué...
Contrairement à la majorité des cyclistes, je déteste partir le vent de face (je sais, je sais, qu'on revient le vent de dos...). Le fait de forcer dans le vent, alors que les muscles ne sont pas réchauffés, réveille de vieilles douleurs au bas du corps comme on dit au hockey. Par contre, sur le chemin du retour, une fois bien réchauffé, oh la la, c'était la fiesta !!! Poussé par un bon vent d'est, on a roulé durant 20 kilomètres à 45 km/h sans faiblir, avec des pointes à 50 ! Fort comme un ours, d'où son surnom, André Bear Ouellet, qui ricanait comme un enfant, a poussé le vieux cyclo à 52 km/h sur le plat : les sacoches violettes brassaient en sacrement !
Et elles brassaient encore quand on a doublé un groupe d'une quinzaine de Cyclone en vélo de montagne mené par l'entraîneur Judes Dufour qui, à sa première sortie, devait se sentir obligé de rouler by the book, c'est-à-dire à 20 km/h, le vent de dos, sur l'autoroute. J'ai eu le temps de croiser le regard attristé d'Harold Lavoie, à l'arrière du peloton, qui nous implorait de le sortir de là... À la vitesse qu'ils roulaient, j'ai l'impression qu'ils n'arriveront pas à temps pour le travail demain matin.

samedi 5 avril 2008

Première sortie du printemps

Samedi. St-Bruno-Jonquière. 60 km. (30 k/h) 4°C. Vent est 20 k/h
par Ti-Red
Trois jours après ma dernière sortie en ski de fond, c'est déjà le début de la saison de vélo. Et comme le veut la tradition, le premier départ s'est effectué à Saint-Bruno, directement sur la 170, pour éviter autant que possible la boue et les trous d'eau. Contrairement à la tradition, je n'étais pas accompagné de mon fidèle compagnon d'entraînement, André Bear Ouellet, retenu par une démonstration de vente pyramidale, mais par Pierre X-Large Landry, qui est toujours d'agréable compagnie.
Même si c'est loin d'être la grande forme, nous pourrons nous vanter d'avoir roulé les premiers, c'est-à-dire avant la majorité des membres du club qui prenait l'avion aujourd'hui pour Cuba. C'est même la seule chose dont nous pourrons nous vanter car, pour le reste, il faut être un peu fou pour rouler à ce temps-ci de l'année. D'ailleurs, je déteste les premières sorties du printemps (d'où l'intérêt de m'en débarrasser le plus tôt possible). À chaque fois, je me demande pourquoi je fais du vélo : j'ai mal au cul, au dos, je pédale carré, sans énergie, sans conviction, le souffle court, les jambes lourdes. Mais il s'agit d'un passage obligé pour avoir ensuite le plaisir de faire chier tous ceux qui commencent plus tard à rouler...
Or, le passage obligé a été particulièrement pénible cette année avec une crevaison sur l'autoroute (photo), qu'il faut réparer en frissonnant, les mains pleines de boue. Et pour ajouter au cauchemar : un Honda Élément s'est arrêté sur la chaussée, avec nul autre que Roger et Lucie, souriants, endimanchés, qui ont dû nous suivre en cachette, guettant le bon moment pour nous ridiculiser...
Une fois passé l'échangeur, on a décidé de rouler sur l'autoroute 70, la vrai, jusqu'à Jonquière, même si l'accès est interdit aux cyclistes. Dans le dernier droit, on s'est fait dépasser -- une première depuis que je fais du vélo -- par rien de moins qu'une motoneige... qui filait sur un sentier, en bordure de la route. Un doute m'a effleuré l'esprit : qu'est-ce que je fous ici ?
Au moins, Pierre et moi, on n'était pas seuls de fou. Sur le chemin du retour, nous avons aperçu un cycliste, au loin, avant la côte de Larouche, que nous avons chassé en vain... On l'a retrouvé à l'arrivée, à Saint-Bruno, pendant qu'il rangeait son Trek dans sa voiture. Si j'ai bien compris, il s'appelle Carol Lévesque. La trentaine. Un physique d'athlète. Récemment déménagé à Alma. Dans l'euphorie de l'arrivée, je l'ai invité à venir rouler avec nous, demain midi. Moi et ma grande gueule... J'ai vraiment pas hâte à demain.