Le prestigieux Riverbend Cycling Club (RCC) regroupe des gentleman d'Alma qui prennent plaisir à rouler ensemble, le vent de dos, en descendant les côtes. Ce blog a pour but de planifier et de commenter les sorties à vélo. Au-delà de l'anecdote, ces récits sont des leçons de courage et de vertu, mettant en scène des athlètes bedonnants et grisonnants qui embarrassent les routes sans aucune gêne...

jeudi 12 juin 2008

Le breaker

par Ti-Red


J'ai pris congé au travail pour faire des travaux de peinture à la maison. Pas besoin de vous dire que, après avoir respiré du latex durant neuf heures, j'avais hâte d'aller prendre l'air avec mes potes.
J'avais prévu une sortie relaxe en groupe. Comme c'est la première journée qu'il fait soleil depuis une semaine, je pensais que le stationnement de la Friperie serait plein à craquer.
Hé non ! Je me suis retrouvé tout seul avec Big Marc Villeneuve et Danick Adidas Côté qui ne sont pas reconnus ni l'un ni l'autre pour relaxer...
Inconsciemment, j'ai regardé autour de moi -- et même très loin à l'horizon -- à la recherche d'un breaker (d'un fusible en bon français) et je suis sûr que Big Marc a songé à la même chose. Le breaker, c'est le cycliste le moins fort du groupe qui va lâcher en premier si le rythme devient trop élevé. Il permet aux autres de sauver la face. Ce rôle ingrat n'est pas dévolu à quelqu'un en particulier : on est tous le breaker de quelqu'un d'autre, à moins de faire exprès pour toujours rouler avec des branleux.
À une certaine époque, c'était même devenu une tactique chez certains cyclistes, écœurés de se faire larguer à tous les soirs, de se présenter aux randonnées avec leur breaker. Quand la vitesse devenait excessive, le fusible sautait et on entendait une voix s'écrier : "Mollo, les gars, mollo... Chose est décrochée ! "
Les problèmes commencent quand les breaker devinent le truc et amènent à leur tour un breaker qui finit par comprendre le truc... Et là le peleton n'avance plus.
Ce soir, qui serait le breaker ? Certainement pas Adidas en tout cas.
Pour être franc, fatigué de ma journée, encore intoxiqué par le latex, je crois bien que mon tour est arrivé. Si encore il faisait beau ! C'est toujours plus facile de tenir son bout quand il fait beau. Mais avec un vent de l'ouest de 40 km/h et des rafales à 60, c'est un temps idéal pour faire sauter les breaker !
On a décidé de faire un petit Lac Vert classique par le rang Saint-Isidore, avec retour par le pont de fer. Dès le départ, Adidas a donné le ton avec un rythme de 35 km/h sur Du Pont. Le vent d'ouest était si fort -- il soufflait franc de côté -- que j'avais l'impression de rouler à 45 degrés, comme dans une courbe. J'ai suggéré de passer par Saint-Bruno pour se cacher un peu du vent mais, tout en parlant, je me suis souvenu que la route était fermée à Héberville-station à cause de la réfection d'un ponceau. On a poursuivi sur la route régionale.
Rendu à Héberville, après 20 kilomètres d'effort soutenu, on a tourné dans le rang St-Isodore, pour se laisser pousser par le vent autour du lac Vert. Ce repos a été bénéfique, et les efforts ont repris de plus bel au retour, avec des pointes à 40 km/h malgré le vent de côté.
Même si on savait que la route était bloquée à Héberville-Station, on a quand même roulé jusqu'au village -- en espérant que les travaux seraient terminés -- parce que personne n'avait envie de rouler le vent de face pour rejoindre la route régionale. Mais les travaux ne sont pas terminés. On ne peut même plus traverser le ponceau à pied. La route est littéralement coupée (photo).
-- On va faire un détour par le rang Saint-Pierre, a proposé Adidas.
-- Ouais... Si tu veux...
La dernière chose que Big Marc et moi avions envie, c'était de faire un détour. Ce qui voulait dire: se rallonger. Le rang Saint-Pierre est la seule route (si on peut appeler ça ainsi) qui contourne le village. Je l'ai déjà emprunté une fois il y a plusieurs années -- la dernière fois qu'ils ont réparé le ponceau, en fait -- mais je n'en garde aucun souvenir.
-- Toute ma famille vient du rang St-Pierre, a fait remarquer Adidas en roulant à 45 km/h au milieu de la chaussée.
On s'en kalissais-tu de sa famille !
La seule chose que je pensais, c'était tout le chemin qu'il faudrait parcourir à l'envers, le vent de face, dans ce maudit rang qui n'en finissait plus. D'ailleurs, Big Marc a fini par s'impatienter -- une fois n'est pas coutume -- alors qu'on roulait dans un long bout droit dont on ne voyait pas la fin...
-- Coudonc, tabarnak ! On vas-tu se rendre à Charlevoix avant de tourner !
Charlevoix, non, mais j''ai effectivement eu l'impression qu'on s'est rendu vis-à-vis le village de Larouche avant de revenir vers Héberville-Station, le vent en pleine face. Un vent qui a fini par tomber mais, pour compenser, le rythme a augmenté. Et personne n'a levé le pied avant l'arrivée.
-- Ouais ben ça roulait ! C'était pas facile, a conclu Adidas Côté qui semble toujours prendre plaisir à rouler avec notre gang, même s'il est beaucoup plus fort que nous.
Et finalement, il n'y a pas eu de breaker.
Tout bien considéré, je crois même que ma journée de peinture m'a avantagé. J'étais en quelque sorte dopé au latex que j'ai respiré toute la journée. D'ailleurs, je me demande ce que ça ferait si j'en buvais une couple de gorgée.
J'ai hâte à demain.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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