Le prestigieux Riverbend Cycling Club (RCC) regroupe des gentleman d'Alma qui prennent plaisir à rouler ensemble, le vent de dos, en descendant les côtes. Ce blog a pour but de planifier et de commenter les sorties à vélo. Au-delà de l'anecdote, ces récits sont des leçons de courage et de vertu, mettant en scène des athlètes bedonnants et grisonnants qui embarrassent les routes sans aucune gêne...

lundi 2 juin 2008

Des orages à l'horizon

Lac-À-La-Croix (St-Gédéon). 65 km. 35 moy. 16C

par Ti-Red
C'était une sortie pour hommes. La plus rapide cette année.
Une sortie qui a commencé dans le doute et l'hésitation, au beau milieu du stationnement de la Friperie. Le ciel était menaçant. De gros nuages sombres se promenaient au-dessus de nos têtes.
-- Penses-tu, Marc, qu'on va se sauver de la pluie ?
Big Marc était sûrement marin dans une autre vie. J'ai rarement vu un tel talent pour prévoir la météo. Il m'impressionne à chaque fois.
-- On devrait s'en sauver, a-t-il répondu. Tant qu'il ne vente pas trop, on est correct. Mais si le vent se lève, on est dans la marde.
-- On fait quel parcours ?
-- N'importe où mais faut partir tout de suite. On n'a pas le temps de niaiser...
Et croyez-moi, les amis, ça n'a pas niaisé... Il faut dire qu'on était bien équipé pour rouler vite avec Yvan The Terrible Truchon, Danick Adidas Côté, Big Marc, M. Clean et X-Large. D'un commun accord, on a décidé de se rendre à Métabetchouan avec retour par la véloroute. Profitant d'un vent favorable, on a roulé à fond de train jusqu'à Lac-À-La-Croix. En scrutant l'horizon, j'étais perplexe :
-- Regarde là-bas, Marc, à l'ouest, y'a des orages ! C'est pas très beau...
-- C'est sûr qu'il pleut dans le coin de Roberval, et ça s'en vient par ici.
-- T'es sûr ? Parce que là, il vente de dos. Donc, le vent devrait pousser les nuages à l'ouest.
-- C'est pas comme ça que ça marche. C'est des cellules orageuses causées par une dépression. Les vents sont aspirés par la dépression, même les vents contraires.
-- Les vents contraires ?
-- En termes clairs: on est aspiré vers la marde...
-- Ah, je vois.
Sa science de la météo, Big Marc ne l'a pas appris tout seul. Il ne s'en souvient pas mais, avec le paquet de filles qu'il a connu, je suis sûr qu'il s'est déjà fait Jocelyne Blouin ou le prof. Lebrun.
-- En tout cas, dis-je, c'est pas le temps de faire une crevaison.
Moins d'une minute plus tard, mon pneu avant était crevé... On venait de grimper la côte du Rang 2 sur le gros plateau derrière Terrible et Adidas, et le peloton reprenait son souffle. J'avais heurté une roche en grimpant le côte et ma peur de faire une crevaison s'est vite matérialisée.
Une fois n'est pas coutume : j'avais oublié mon matériel de dépannage à la maison. Toujours généreux de sa personne, Big Marc s'est chargé de réparer ma crevaison en plus de me fournir un tube neuf et une bombonne de CO². Il avait les mains pleines de graisse, de la sueur dans les yeux. J'avais rien à faire, sauf l'agacer :
-- Je te remercie de m'aider, Marc, mais c'est un peu long...
Il m'a regardé en soupirant mais sans répliquer. Quand on connait son mauvais caractère presque légendaire, c'était un véritable exploit. Je l'entendais se parler et se raisonner dans sa tête. J'ai cru bon d'insister :
-- Avec le temps que ça prend, c'est sûr qu'on va se faire mouiller. J'aurais dû me réparer moi-même...
Bingo ! Fox Filion aurait été fier de moi. Big Marc a éclaté :
-- JE PEUX PAS ALLER PLUS VITE QUE ÇA TABARNAK DE KALISS D'OSTIE DE ST-CRÈME DE CYBOIRE DE...
-- Arrête de sacrer, tu perds du temps. On va se faire mouiller à cause de toi.
Il a fini par sourire en voyant que tout le monde éclatait de rire. Tout le monde ? Non.
Hélas, X-Large Landry avait manqué la scène. Pour éviter de ralentir le peloton, il avait décidé de poursuivre sa route tout seul -- une méthode popularisée par Todore Dubé -- pendant que Marc réparait ma crevaison. Depuis le départ, X-Large se plaignait de problèmes gastriques à cause du repas du midi : par gourmandise, il avait tout bouffé les restes du lunch de la veille, dimanche, alors qu'il était l'hôte d'un souper mémorable du prestigieux RCC à son château de la rue des Grives. Une soirée exquise. Un must.
-- On est mieux de laisser tomber la véloroute, a conseillé Big Marc qui avait revu ses calculs météo en tenant compte du temps perdu par la crevaison.
-- Il ne mouillera pas, a répondu Terrible. C'est sûr qu'il ne mouillera pas.
Mais entre les prévisions de Terrible et celles de Big Marc, je n'ai pas hésité une seconde.
-- Si Marc dit qu'il va mouiller, il va mouiller. Montre-nous le chemin. On te suit !
On a filé droit devant l'entrée du Rang des iles pour plutôt emprunter la Route du Lac. J'avais l'impression qu'il était 22 heures tellement le ciel était sombre. Sans jamais ralentir la cadence, on a fini par rattraper X-Large qui n'en menait pas large... Il n'avait ni l'envi ni l'énergie de s'accrocher au dernier wagon. En passant à côté de lui, j'ai entendu "maudit pâté à viande à marde " et le reste s'est perdu dans le vent...
-- Tu peux aller plus vite, mon petit Terrible. Sinon on va se faire mouiller...
Je n'ai pas eu à le répéter deux fois. On aurait dit que c'est le message qu'il attendait depuis qu'il était au monde... Le peloton a filé à 40-45 km/h en silence jusqu'à Alma. Des relais courts, costauds mais réguliers, qui se sont terminés par un sprint de 55 km/h de Terrible à l'approche de la Friperie. Mais l'heure de la vengence n'avait pas encore sonné : je suis resté bien collé dans sa roue, avec Adidas dans la mienne...
-- On dirait que tu vas plus vite que ça, Yvan, quand tu as tes gros criss de pneus à crampons.
Il a souri. Bon joueur...
J'ai senti les premières gouttes de pluie au moment où je passais en face du garage Réul Thivierge au coin de Cascade, à un kilomètre de la maison. Quand l'orage a commencé, je roulais sous la tonnelle majestueuse des arbres géants de Riverbend, bien à l'abris des intempéries. Telle une forêt tropicale, on pourrait rouler-là durant des heures en pleine orage, sans jamais recevoir une goutte de pluie. Le paradis.
TÉMOIGNAGE DE BIG MARC VILLENEUVE
La météo , c'est mon grand -père et mon père qui m'ont tout appris. Vivant ou plutôt survivant de l'agriculture, ces hommes courageux devaient décoder les signes du temps pour anticiper les temps qu'il ferait avant de mettre un champ à terre. Aujourd'hui il ne se passe pas 24 heures entre la fauche d'un champ et la récolte du fourrage. Il y a 30 ans , nous devions espérer 3 jours de beau temps en ligne. Pas de Colette Provencher (mon fantasme) ni de Jocelyne Blouin (ma punition) simplement avec les yeux pour observer le ciel et avec le nez pour sentir le vent. Les nuages nous parlent et le vent sent quelque chose (ozone) à la veille d'une orage. Quelques proverbes:
- quand les feuilles des arbres se tournent à l'envers ,il pleuvera.
- quand la lune est embrumée (malade), il pleuvera 3 jours.
- le vent du Nord (noroit) nettoiera le ciel et refroidi les sens
- les coup de soleils de juillet annoncent les orages
- le soroit d'hiver ,,, pas d'école le lendemain.
- le vent l'été,,,grande forme l'automne
Et puis ayant été marin , on apprend vite les signes du temps quand on est en plein milieu du Lac St-jean et que le vent se lève.
X-Large doit le savoir aussi, lui il était dedans!!!

Pour revenir à Collette... ça serai vraiment chouette de jouer à se prendre la température. Je connais quelques trucs pour vérifier cela. Mais j'y reviendrai une fois le blog réserver au 18 ans et plus. Nous sommes des gentleman du RCC avant tout. C'est le réglement du club le plus difficile à respecter à mon avis!!!
Tant qu'à Jocelyne , elle le même effet sur moi que le noroit!!!


Alors avant chaque départ à vélo, regardez le ciel pendant quelques minutes et sentez le vent en prenant des grandes respirations. Si vous n'y connaisait rien , vous aurez au moins profiter du temps qui passe...
TÉMOIGNAGE DE RALPH RIFLE DOYLE
Hey ! La gang de malades (Chanson de Daniel boucher)
Je suis parti rouler seul à 17h00. Effectivement, dans le rang Caron, les nuages au-dessus du lac étaient noirs et impressionnants. Je me croisais les doigts au fur et à mesure que j,approchais de Métabet. Je me suis fait pogné sur le banc de sable. Le déluge..
En arrivant au chalet, mon plus vieux en soupant, me dit qu'il a croisé une gang de cyclistes dans la courbe de la mort au bout du chemin des 14 arpents qui prenaient toute la voie. Il me rajoute que c'est à cause de cyclistes comme ceux-là que les automobilistes haissaient les cyclistes. Je lui répond tout fier en sachant que ce ne pouvait être mes amis du RCC (de mémoire d'hommes nous n'avons jamais circulé sur cette route en peloton) que cette année les gars étaient disciplinés et que nous remarquions que la courtoisie attirait à son tour la courtoisie. Moi, j'aime mieux me faire mouiller que frapper...

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