Le prestigieux Riverbend Cycling Club (RCC) regroupe des gentleman d'Alma qui prennent plaisir à rouler ensemble, le vent de dos, en descendant les côtes. Ce blog a pour but de planifier et de commenter les sorties à vélo. Au-delà de l'anecdote, ces récits sont des leçons de courage et de vertu, mettant en scène des athlètes bedonnants et grisonnants qui embarrassent les routes sans aucune gêne...

mardi 17 juin 2008

La loi de Todore

par Ti-Red

Après quatre jours de pluie, j'ai tellement hâte de faire du vélo que j'en rêve la nuit. Ce matin, quand je me suis réveillé, j'avais encore le sourire aux lèvres. Ma blonde m'a demandé pourquoi je souriais comme un idiot :
-- Parce que j'ai fait un maudit beau rêve : je roulais dans le trailer avec les coureurs du Tour de France. Et je
les ai clanchés au sprint !
-- Quel trailer ?
-- Laisse-faire, tu peux pas comprendre.

Rouler dans le trailer, c'est le nirvana, le paradis.
Une drogue dure. On reste en queue de peloton, bien au chaud, blotti entre deux roues, protégé du vent de tous les côtés. Les fous qui se font mourir en avant ont beau tirer fort, c'est la facilité et la tranquillité dans le trailer. On est comme en état d'apesanteur.
Le terme trailer a été inventé, je crois, par Roger Fox Filion (en tout cas, c'est de lui que j'ai entendu l'expression en premier). Mais je sais que la pratique a été popularisée par André Todore Dubé à l'époque où il débutait la saison plus tard que les autres. Il n'avait pas la forme pour prendre des relais, mais il pouvait suivre le gro
upe en restant en queue de peloton où il se faisait tout petit (manière de parler). Après quelques jours dans le trailer, il se laissait remonter lentement en tête du peloton pour prendre ses premiers petits relais, qui s'allongeaient à mesure que la forme s'améliorait.
Il ne faut pas croire cependant que rouler dans le trailer est une sinécure. Com
me pour tout ce qui est précieux, les requins sont nombreux. C'est souvent une guerre permanente pour protéger sa place. Il faut constamment jouer du coude pour rester le dernier, pour éviter d'être happé par la file. Et plus le rythme est élevé et les conditions difficiles, plus ça brasse à l'arrière du peloton. Même si ce n'est pas très héroïque, j'ai souvent vu des cyclistes s'engueuler pour être les derniers. C'est une question de survie : le trailer est la dernière bouée avant d'être largué. Et à ce petit jeu, notre Todore était un maître. Il fallait se lever tôt pour lui voler sa place. Je n'ai pas de preuve mais je le soupçonne d'avoir déjà mordu des cyclistes qui ont trop insisté...
D'ailleurs, Todore Dubé, un peu malgré lui, est à l'origine d'une loi non-écrite qui évite bien des conflits au sein du prestigieux Riverbend Cycling Club. D'abord, il faut savoir que notre Todore, même s'il défendait jalousement sa place dans le trailer, se faisait cependant un devoir de laisser filer le peloton quand il était largué. Non sans émotion, je le revois encore, le visage triste, agiter sa belle grosse main... pour saluer le peloton qui s'éloignait sans lui..

D'où la fameuse loi de Todore qui devrait régir le fonctionnement de tous les clubs cyclo-sportifs qui se respectent : les cyclistes ne sont jamais obligés de prendre des relais, mais ils doivent être assez en forme pour rester dans le trailer.

Cependant, la loi ne précise pas s'il est obligatoire de faire des bye-bye au peloton avec la main une fois largué. C'est comme vous voulez...

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