Le prestigieux Riverbend Cycling Club (RCC) regroupe des gentleman d'Alma qui prennent plaisir à rouler ensemble, le vent de dos, en descendant les côtes. Ce blog a pour but de planifier et de commenter les sorties à vélo. Au-delà de l'anecdote, ces récits sont des leçons de courage et de vertu, mettant en scène des athlètes bedonnants et grisonnants qui embarrassent les routes sans aucune gêne...

dimanche 8 juin 2008

La Coupe des nations

par Ti-Red

J'ai vécu quatre jours inoubliables à la Coupe des nations, une compétition cycliste de niveau international organisée par notre idole à tous, Roger Fox Filion. Même si c'est contre ma religion, j'ai accepté d'être bénévole, mais à la condition de bien voir l'action, et j'ai été très bien servi. Mon travail consistait à piloter la voiture d'un des commissaires de l'Union cycliste internationale (UCI) qui supervisaient les compétitions. Avant le départ, Roger m'avait laissé choisir un des trois commissaires et, croyez-moi, le choix n'a pas été facile (photo).
Finalement, j'ai été très surpris de me retrouver dans le véhicule avec un bonhomme de 60 ans, le vrai commissaire de l'UCI, qui n'avait rien en commun avec les trois pitounes de la photo ( je me suis fait encore avoir... maudit Roger !).
Or, j'ai très vite oublié les trois pitounes après le départ de la course. Mon esprit tout entier était occupé à piloter la voiture et à répondre aux ordres du commissaire. Le véhicule roulait environ 30 mètres devant les coureurs, en plein cœur de l'action. Le peloton comptait une centaine de cyclistes -- les meilleurs jeunes au monde -- qui ont donné tout un spectacle. Les échappées et les chasses étaient continuelles --- ça giclait de partout ! -- et le rythme demeurait nerveux du début à la fin. Le peloton roulait rarement en-deçà de 50 km/heure, avec des pointes à 90 dans les descentes et de 25 dans les montées ! Je m'intéresse aux courses de vélo depuis des années et je serai toujours fasciné, littéralement fasciné, par la force et le courage ahurissants de ces cyclistes de haut niveau, qui sont pourtant frêles comme des petits poulets.
Personnellement, je n'aurais pas fait plus de dix pieds derrière le peloton, même avec des menaces de mort et des injections d'EPO. À mon avis, seul Pierre X-Large Landry aurait peut-être été capable de se classer. Peut-être.
Par contre, Pierre Landry n'aurait pas eu l'endurance et la volonté de conduire la voiture du commissaire. Il faut tellement d'énergie et de concentration que j'étais plus fatigué que les cyclistes à la fin des courses. En plus de changer de vitesse à toutes les secondes, il faut constamment regarder en avant et en arrière, c'est-à-dire loucher entre le pare-brise et les rétroviseurs, entre les coureur à l'arrière et les motos qui nous encerclent, sans oublier les voitures de la caravane qui remontent à l'avant à la moindre occasion.
Pour vous donner une idée de l'ampleur de la tâche, je n'ai pas eu le temps, malgré ma grande gueule, d'échanger un seul mot avec le commissaire, pourtant assis à côté de moi durant 20 heures. Je ne connais même pas son nom ! La seule chose que je sais, c'est qu'il ne chômait pas lui non plus : il parlait sans arrêt en anglais aux autres commissaires -- sur le réseau de radio à onde courte -- pour commenter la course, contrôler la circulation et noter les infractions.
La seule fois où je lui ai parlé, c'était pour lui demander si je pouvais arrêter faire pipi, et il a éclaté de rire, comme si c'était la meilleure blague qu'il n'avait jamais entendu de sa vie. Avant le départ de la première course, j'avais bu cinq ou six cafés, mine de rien, et j'ai commencé à avoir envie en montant dans le char. La course a duré quatre heures... J'avais tellement envie d'uriner que j'avais peur que mes reins arrêtent de fonctionner. J'avais des douleurs atroces au bas du ventre, qui irradiaient jusqu'au bout des orteils. Je suis sûr que le Christ, sur la croix, n'a pas souffert à côté de ça, et on en fait toute une histoire !
L'an prochain, je vais me mettre une couche, c'est promis. En attendant, je vous laisse avec la photo de Roger Filion, entouré des trois vainqueurs de la Coupe des nations.

* * *
En marge de la Coupe des nations, il a plu pratiquement toute la semaine. Je n'ai pas roulé en groupe depuis une éternité. Aujourd'hui, c'était la première fois qu'il faisait assez chaud pour rouler en maillot à manche courte sans craindre de frissonner.
En revenant de ma sortie en solitaire, j'avais le goût, et c'est très rare, de laver mon vélo. Sauf que ma blonde m'a rappelé les priorités familiales. Il était plus urgent selon elle de réparer les crevaisons sur les bicycles des enfants qui ne peuvent plus rouler depuis trois semaines.
Je me suis installé sur la patio pour réparer les deux crevaisons, de mauvaise humeur, en maugréant. Mais au bout de cinq minutes, j'ai dû rentrer en vitesse dans la maison à cause des maringouins. Ils sont apparus de nulle part, tous en même temps, et je devrai attendre qu'ils repartent d'ici l'automne pour réparer les deux crevaisons.
Quel foutu pays de merde !
C'est la première soirée qu'il fait chaud et on se fait bouffer tout cru par les bibites. D'ailleurs, j'ai très mal dormi la nuit dernière à cause d'un maringouin, un seul, qui venait continuellement me ciller dans les oreilles. À bout de patience, j'ai eu une idée géniale : j'ai dégagé tout doucement le dos de ma blonde pour l'offrir en pâturage. Après, j'ai dormi comme un ange.
Ça lui apprendra à vouloir m'empêcher de laver mon vélo...


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