Le prestigieux Riverbend Cycling Club (RCC) regroupe des gentleman d'Alma qui prennent plaisir à rouler ensemble, le vent de dos, en descendant les côtes. Ce blog a pour but de planifier et de commenter les sorties à vélo. Au-delà de l'anecdote, ces récits sont des leçons de courage et de vertu, mettant en scène des athlètes bedonnants et grisonnants qui embarrassent les routes sans aucune gêne...

jeudi 17 juillet 2008

Une virée dans le Québec profond

par Ti-Red

Mister Clean a pris congé en après-midi pour faire du vélo. Même s'il est débordé de travail au bureau, il voulait être certain de rouler au soleil. Il m'a dit aussi qu'il en avait marre de la véloroute et du Lac Vert et qu'il avait envie d'un nouveau tracé. J'ai proposé une virée à St-Charles de Bourget, avec la promesse de descendre jusqu'au village, ce que je n'ai jamais fait.
-- Bonne idée. C'est même exotique comme trajet. En plein ce que je voulais.
Comme à l'habitude, nous avons grimpé la côte à Jak puis roulé dans le rang 3 jusqu'à Saint-Nazaire. L'asphalte est extrêmement mauvaise dans ce rang-là. On se fait tellement brassé que ça finit par rendre fou. D'ailleurs, c'est précisément dans ce rang là que Big Marc a perdu la tête l'autre jour. Ce qui aurait pu arriver à n'importe qui. Big Marc a tendance à devenir fou plus vite, c'est tout.
Enivré par un vent favorable, on a décidé de prolonger le parcours jusqu'à Shipshaw en passant par St-Ambroise. La 172 n'a aucun accotement et, malgré tout, les automobilistes ont tous été courtois. Aucun signe d'impatience. Pas de coup de klaxon. On se sentait loin de St-Gédéon.
Au retour, tel que convenu, on a quitté le rang 2 pour descendre le Chemin Brassard jusqu'à St-Charles de Bourget situé près des rives du Saguenay. De loin, St-Charles ressemble à un village de carte-postale avec son clocher d'église planté entre les champs de céréales et les montagnes escarpées (photo).
De proche, c'est un décor de film d'horreur.
Dès l'entrée du village, j'ai pensé au film Massacre à la tronçonneuse en apercevant un vieillard immobile, le regard vide, assis sur une galerie délabrée. Je ne pourrais pas le jurer, mais je pense qu'il est mort et qu'il a été oublié là.
-- Si j'étais pédophile ou trafiquant de drogue, a fait remarqué Mister Clean, c'est ici que je viendrais me cacher.
-- En tout cas, quoiqu'il arrive, on n'arrête pas. Si on fait une crevaison, on roule sur les jantes, compris ?
Chose certaine, c'était difficile de nous cacher sur nos vélos en carbone, surtout Mister Clean avec ses souliers et son habit blancs. On ne passait vraiment pas inaperçu dans ce village sordide où l'on se sentait épié par des ombres fuyantes derrière les fenêtres et les moustiquaires. J'ai croisé un enfant dans un parc en face du cimetière, qui m'a lancé un regard désespéré, comme pour me supplier de le sortir de là...
J'ai pensé à Bear qui, distraitement, avait pissé sur une statut en face de l'église à Notre-Dame du Rosaire. Si on avait fait la même chose à St-Charles, c'est sûr qu'on ne serait jamais reparti vivant. Heureusement, il n'y a pas de statut dans le village. Pas de dépanneur non plus, ni de restaurant, ni de station-service. La seule maison qui n'est pas délabrée abrite la caisse populaire (photo) et, manifestement, on n'y brasse pas des millions.
Pour voir le Saguenay, il faut s'éloigner du village et emprunter une route cabossée avec de l'asphalte posée et tapée à la pelle carrée. On y retrouve quelques riches demeures clôturée en bordure de la rivière. J'ai pensé à la réflexion de Big Marc quand je lui avais montré une belle maison à Notre-Dame du Rosaire : "C'est juste une façade. Tu ouvres la porte et tu tombes dans une fifth wheels."
Le seul dépanneur-épicerie est situé à 4 kilomètres du village, au milieu de nulle part. Il est aménagé dans une ancienne école transformée en centre communautaire (photo). J'ai demandé au caissier du dépanneur s'il connaissait Bertrand X, un gars de St-Charles avec qui j'ai travaillé quand j'étais étudiant. C'était une grosse brute détestable qui s'acharnait à m'empoisonner l'existence.
-- Oui, je le connais. Il est malade. Très malade, m'a répondu le caissier.
-- Malade de quoi ?
-- Toutes sortes de maladies.
-- Comme quoi ?
-- Des maladies rares. Très rares.
J'ai pensé au vieux qui semblait mort sur sa galerie.
-- Tant mieux, parfait.
-- Pardon ?
-- Partait. Je disais qu'on partait.
Dans le rang 2 et la route Laberge qui relient St-Charles à St-Nazaire, on a l'impression de rouler en direction de Kujuak. Il n'y a pas de fossé ni de poteau d'électricité (photo). La végétation étrangle la route et se répand sur la chaussée. Pas de doute, on est dans le Québec profond.
La dernière fois que j'ai roulé par là, je devais constamment me méfier des chiens qui surgissaient de partout et me prenaient en chasse durant des kilomètres. Étrangement, on n'a vu aucun chien durant la randonnée. Aucun.
C'est pas normal.
D'après moi, ils doivent les manger. Je ne vois pas d'autres explications.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

bonjour, je demeures à st-charles de bourget et je trouves que ce que vous dites est complétement faut.je vous trouves vraiment crétin de décendre un si beau village.vous n'avez vraiment aucune classe et vous devez être des petits frais chier de la ville pour ne pas apprécier de beaux paysages.en passant vous avez surement mal regardés car il y a un chien a presque tout les maisons et je trouves bien dommage qu'il y en ais pas un qui vous est manger.pauvre con.

Anonyme a dit…

En passant Kujuak, ça s'écrit Kuujjuaq.

Bye

Anonyme a dit…

Ça donne vraiment le goût d'aller visiter ce beau petit coin de pays!!!