Le prestigieux Riverbend Cycling Club (RCC) regroupe des gentleman d'Alma qui prennent plaisir à rouler ensemble, le vent de dos, en descendant les côtes. Ce blog a pour but de planifier et de commenter les sorties à vélo. Au-delà de l'anecdote, ces récits sont des leçons de courage et de vertu, mettant en scène des athlètes bedonnants et grisonnants qui embarrassent les routes sans aucune gêne...

mardi 1 juillet 2008

Le combat de coqs

Route des Bâtisseurs. 110 km. 36 moy. 22C

groupe : Sphinx, M. Clean, Big Marc, Adidas, Terrible, Le Goéland, Ti-Red
guest : Audrey Lemieux

par Ti-Red
Je n'irai pas par quatre chemins : on s'est fait dompter par une fille.
Une maudite belle fille en plus. Audrey Lemieux. 23 ans. Grande. Mince. Racée. Six pieds de pure beauté.
C'est Yvan The Terrible qui l'a invitée. Audrey est un peu comme sa fille. Il la connait depuis sa naissance. Il était tout fier de la voir arriver dans le stationnement de la Friperie.
-- J'ai invité Audrey, dit-il. Est-ce que ça vous dérange ?
The Spinx a répondu du tac au tac :
-- C'est toi qui nous dérange. Pas Audrey.
Yvan a fait les présentations. Elle connaissait tout le monde sauf Big Marc et Jonathan Le Goéland. Macho comme dix, Big Marc avait un sourire en coin, l'air de dire : tu feras pas long, ma jolie. Jonathan, au contraire, semblait intimidé et impressionné.
Toute souriante, Audrey portait un maillot aux couleurs de son équipe professionnelle de compétition : Specialized Multisports. Depuis quelques jours, elle est à Saint-Gédéon chez son père, Jean Lemieux, mais elle quitte jeudi pour Montréal. Elle s'entraîne pour les championnats canadiens qui auront lieu la semaine prochaine en Beauce. Et je peux vous dire que tout le groupe, ce matin, s'est entraîné pour les championnats canadiens...
La randonnée a pourtant débuté de façon très civilisée. Poussé par le vent d'ouest, le rythme était rapide mais régulier (autour de 40 km/h). Le groupe roulait en file indienne sur la 170 en direction de Jonquière. C'est la première fois depuis un mois que le ciel était bleu et que personne ne s'inquiétait de revenir sous la pluie.
-- Attendez, j'ai fait une crevaison, a crié Mister Clean en descendant la côte avant Larouche.
Fausse alerte. Son pneu n'était pas crevé. C'était une crevaison psychologique (mental flat comme disent les anglais). Sans doute que M. Clean, en admirant Audrey qui semblait flotter sur sa monture, se sentait lourd, c'est tout.
Et pendant que le peloton avait ralenti, Audrey, tout en roulant, a soudain retiré son casque de vélo, pour le déposer en avant du guidon, sur les câbles de freins. Et avec une grâce toute féminine, elle a attaché ses cheveux en queue de cheval, puis elle a roulé tête nue le reste de la randonnée, le casque coincé entre le guidon et les freins.
-- Comme c'est mignon, a lancé quelqu'un derrière le peloton.
J'ai poussé un soupir... Si c'est moi qui avait eu l'idée saugrenue d'enlever mon casque et de rouler tête nue, je ne peux même pas imaginer les moqueries qui auraient fusé de toutes parts durant dix ans. Mais là c'était mignon... Deux poids, deux mesures.
-- Audrey est bonne, hein, mon Dan ?
-- Oui, Yvan. Elle est très bonne.
-- Et elle est belle, hein, mon Dan ? Un vrai mannequin.
-- Oui, Yvan. Audrey est très belle.
The Terrible était terriblement fier de sa protégée, et pourtant on avait encore rien vu ! Un peu après Larouche, profitant d'un faux plat descendant, j'ai grimpé le compteur à 45 km/h non sans fierté, pour aussitôt refiler le relais à la jeune femme. Tiens, fais-en autant, ma jolie...
Une erreur. Une grossière erreur de débutant.
Car c'est là que la randonnée a dérapé.
Avec une force étonnante, la mignonne a monté le rythme à 50-55 durant plusieurs minutes, sans jamais faiblir, sans jamais relâcher la pression. J'ai entendu Mister Clean marmonner : "Bon, kaliss, c'est fait : le combat de coqs est commencé ".
Il avait parfaitement raison. Audrey a donné le relais à Jonathan qui aurait préféré se faire couper les couilles plutôt que de réduire le rythme. Je ne l'avais jamais vu rouler aussi vite et aussi longtemps en trois ans. Il voulait montrer qu'il était un homme...
Je me suis tourné vers Audrey :
-- Je pense que notre ami Jonathan veut t'impressionner.
-- En tout cas, il roule vite, a répondu Audrey en souriant.
Mais tout le monde voulait l'impressionner : Adidas, The Terrible, Big Marc, The Spinx et même Ti-Red. Seul Mister Clean gardait la tête froide. C'est lui qui nous a annoncé, non sans un soupçon de reproche, que la moyenne était de 39 une fois rendu à Jonquière. En fait, le compteur n'est jamais descendu sous les 50 à partir de Larouche, sauf sur la rue Saint-Dominique où le peloton a repris son souffle durant trois ou quatre relais.
Puis la course a repris de plus belle en revenant vers Alma, malgré un bon vent de face. Quand le rythme était particulièrement rapide et que nous avions mal aux jambes, c'était invariablement Audrey qui roulait en tête du peloton. Plus les kilomètres s'accumulaient, plus elle roulait fort... Les derniers sceptiques ont été confondus dans le rang St-André alors que la mignonne a tenu 40 km/h le vent de face, malgré le terrain accidenté. Plus personne n'avait envie de faire son homme...
-- Pis, mon Dan ? Est bonne, hein ?
-- Oui, Yvan. Elle est très bonne.
-- Pis est belle, hein ?
J'ai fait oui de la tête, trop essoufflé pour parler.
-- Elle va nous faire mourir, la kaliss ! a marmonné Big Marc, philosophe. Et on peut même pas chialer. Si c'était un gars qui nous faisait chier comme ça, ça fait longtemps que je l'aurais crissé dans le fossé.
Au même moment, Audrey a lâché le relais pour se laisser descendre derrière le peloton.
-- Super beau relais, lui a lancé Big Marc avec son sourire désarmant.
Deux poids, deux mesures.
Le combat de coq s'est achevé sur la rue Du Pont à l'entrée d'Alma quand Adidas s'est retrouvé aux côtés d'Audrey en avant du peloton. La mignonne a finalement cassé Adidas puis Big Marc puis tous les coqs qui nexaient à coté d'elle...
Loin d'être arrogante, elle s'est empressée de nous remercier pour la randonnée :
-- Wow, c'était super le fun. Merci, les gars !
Tout le plaisir était pour nous. Avec 36 de moyenne sur une distance de 110 kilomètres et un vent de fou, tout le monde va se souvenir et se vanter longtemps de cette randonnée du premier juillet.
-- Pis, mon Dan ? Est forte, hein ?
-- Oui, Yvan. Elle est forte. Et oui, Yvan, elle est belle...


COMMENTAIRE DE MISTER CLEAN

L'an dernier, Audrey était victime d'une tromboflébite et elle n'a pu courir et s'entraîner. Elle a quand même participé à la première édition de la cyclosportive "La Métabetchouane". J'avais roulé un bon bout avec elle, et je l'ai larguée dans la grande côte, en revenant vers St-André. J'étais très fier de moi. La Audrey qui a roulé avec nous ce 1er juillet était drôlement en forme, je dirais "5 coches" de plus que la Audrey de l'an dernier, et je n'aurais pu répéter mon exploit.

À partir d'Hébertville, je me cachais dans les roues et ne pensais qu'à sauver ma peau et à ne pas arriver complètement défoncé. J'ai été sage, et j'ai réussi. J'ai encore une fois été impressionné par mon ami Big Marc, qui n'a pas peur de tout donner (contrairement à moi).

Ti-Red, je comprends que c'est toi qui a mis le feu aux poudres. Je te pensais plus intelligent que ça, en psychologie masculine en tout cas.

Ce n'était pas l'envie de m'exciter qui me manquait, seulement, je n'avais pas les moyens de mes ambitions et je voulais revenir sur mes deux roues..

COMMENTAIRE DE SUSHIE DAUPHIN

Comme je vous le dit régulièrement, il vaut mieux choisir sa souffrance avant qu'elle ne vous choisisse..je crois bien que cette fois c'est elle qui vous a choisie mes amis.. Ce soir je vais essayer le truc à la belle Audrey, mon super casque sera entre mes deux cocottes, je vous en reparle amigo.

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