Le prestigieux Riverbend Cycling Club (RCC) regroupe des gentleman d'Alma qui prennent plaisir à rouler ensemble, le vent de dos, en descendant les côtes. Ce blog a pour but de planifier et de commenter les sorties à vélo. Au-delà de l'anecdote, ces récits sont des leçons de courage et de vertu, mettant en scène des athlètes bedonnants et grisonnants qui embarrassent les routes sans aucune gêne...

mardi 26 août 2008

Sales hypocrites !

Lac-vert. 70 km. 35 moy. 18C.

par Ti-Red
Je vais devenir en forme si ça continue comme ça.
J'ai fait mes deux dernières sorties en duo avec Claude Sphinx Asselin et on n'a pas chômé. Rouler à deux, c'est déjà difficile -- les relais viennent vite -- mais pour faire 35 de moyenne sur un Lac-Vert, il faut pédaler en sacrement !
Sphinx est réputé pour sa constance. Il roule égal comme un métronome, sans jamais donner de coup. Mais un kaliss de métronome, quand le rythme est élevé, eh bien ça demeure toujours élevé ! Pas de repos, aucun répit.
La deuxième sortie a été particulièrement rapide et mémorable. Partis faire le tour du lac Vert par Larouche, on roulait en silence, sans histoire, le nez dans les guidons. À la sortie du rang Saint-André, on a aperçu deux cyclistes sur le Pont de fer, à droite, que j'ai salué de la main. Un des cyclistes portait un maillot du club Proco.
-- Les reconnais-tu ?
-- Non, me répondit Sphinx.
On a continué à rouler à notre rythme et, au sommet de la côte Velcro, j'ai remarqué que le maillot Proco se rapprochait.
-- Ils sont en train de nous rattraper, dis-je. On devrait les attendre.
-- D'accord.
Le maillot Proco se prénomme Carl. C'est un jeune homme athlétique, l'air aimable, qui est co-propriétaire de la boutique l'Ordination sur le boulevard St-Judes. Son compagnon est plus connu. Il s'agit de Robin Gervais, un cycliste d'Alma qui roule en dilettante depuis des années, facilement reconnaissable à ses longs bas qui recouvre la moitié des jambes.
Après les échanges de politesse, Sphinx a relancé la machine. On roulait dans le long droit avant l'Auberge du presbytaire et les premières bosses. Rapidement, dès la côte De-la-Fourche-cassée, j'ai constaté que l'Ordination était à l'aise, mais Long Sox avait des ratés. Il semblait même en perdition comme dirait mon'oncle Yvon. Sans doute par crainte d'être largué, il décida de garder le relais et de ralentir le rythme. Il se reposait en avant... Durant plus d'un kilomètre, on est resté tranquillement derrière lui, les mains en haut du guidon.
-- Excuse-moi Robin, dis-je.
-- Oui.
-- Je sais pas si tu as remarqué mais... on est là. Donc, si jamais tu veux donner le relais, gêne-toi pas.
Il a trouvé ma remarque drôle et, pendant qu'il riait, j'en ai profité pour le doubler, mine de rien. On était arrivé au pied de la côte d'Héberville, aux coins de la 169 et du rang Caron. On a grimpé sur le petit plateau, sans forcer, en jasant, pendant que Long Sox se faisait distancer.
-- On a fait le tour du lac samedi, a expliqué son copain. On a encore les jambes lourdes. Allez-y, je vais rester avec lui.
Le Sphinx et moi, on ne pensait qu'à s'enfuir. On s'est regardé, un peu hésitant, et Long Sox a profité de ce moment d'hésitation pour nous rejoindre.
-- Allez-y, a-t-il proposé.
-- Non, non, dis-je.
-- On n'est pas pressé, rajouta Sphinx.
-- Il fait beau. Faut en profiter.
Sphinx s'est empressé de prendre le relais, par crainte que Long Sox s'installe à l'avant. Le rythme était raisonnable (autour de 35 km/h) compte tenu du vent d'ouest qui soufflait sur la gauche. J'ai jeté un regard à l'arrière pour voir si Long Sox était là, et j'ai aperçu un gros John Deere qui nous rattrapait. Quand le tracteur nous a dépassé, j'ai sauté dans sa roue pour me faire tirer. Sphinx a fini par me rejoindre. Les deux autres n'ont pas osé.
On roulait à 45 derrière le John Deere, sans faire aucun effort.
-- C'est un peu trop facile, a fait remarqué Sphinx, qui est plus masochiste que moi.
-- T'as raison.
J'ai lâché le tracteur à regret, en faisant des tatas au fermier qui a répondu par un signe amical de la main. On aurait pu devenir de bons amis...
Les deux autres étaient déjà loin, à peine visibles. Ils semblaient nous faire des signes.
-- Qu'est-ce qu'on fait ?
-- On file à Alma, a répondu le métronome. Ils sont trop loin.
On a recommencé à rouler à fond de train, motivés par l'idée de creuser un écart insurmontable entre nous et nos nouveaux copains. On roulait aussi vite que derrière le tracteur -- en faisant dix fois plus d'effort -- avec des relais courts. En arrivant au feu de circulation au coin du rang Sinaï, on filait le parfait bonheur, et je n'avais aucunement l'intention de ralentir même si la lumière venait de tourner au rouge.
-- Arrête-toi au feu rouge, a ordonné Sphinx.
-- Es-tu malade ? Pourquoi ?
-- Y'a un char de flics arrêté au coin...
Pas le choix. On a joué au cycliste exemplaire en mettant un pied au sol, avec un sourire hypocrite aux policiers. La lumière a mis tellement de temps à changer au vert que nos amis nous ont rejoint. On a fait semblant qu'on les avait attendu...
-- Vous n'auriez pas dû nous attendre, a répondu l'Ordination.
-- Non-non, dis-je. C'est normal.
-- On n'est pas pressé, relança Sphinx.
-- C'est pas une course, rajoutai-je.
Long Sox semblait sincèrement ému.
-- Merci, les gars, marmonna-t-il.
-- C'est rien. Entre cyclistes, faut s'entraider.

Ouais.

COMMENTAIRE DE FOX

J'ai vu le même tracteur le même soir sur la même route, mais c'est le tracteur qui me suivait.

COMMENTAIRE ANONYME

Salut Ti-Red,
Je me suis bien bidonné à lire le récit de cette randonnée surtout que les personnages secondaires, Ordination et Long Sox, sont mes deux comparses de vélo. C'est vrai que Long Sox a peut-être un peu ralenti avec les années mais pour sa défense, je dois dire que toi et ta bande roulez comme de vrais malades. J'en ai eu l'expérience l'an dernier quand j'ai eu le malheur de vous rencontrer en débutant un lac Vert. Je m'étais accroché mais je dois dire qu'en arrivant près de la source Mésy, j'avais été plus que ravi de tomber, comme par hazard, sur mes compagnons habituels (dont Ordination et Long Sox). J'avais alors trouvé l'excuse idéale pour pouvoir m'éclipser dignement et terminer ma randonnée sur un rythme disons plus ... civilisé.
Au plaisir de ne pas se rencontrer trop souvent sur la route !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Salut Ti-Red,
Je me suis bien bidonné à lire le récit de cette randonnée surtout que les personnages secondaires, Ordination et Long Sox, sont mes deux comparses de vélo. C'est vrai que Long Sox a peut-être un peu ralenti avec les années mais pour sa défense, je dois dire que toi et ta bande roulez comme de vrais malades. J'en ai eu l'expérience l'an dernier quand j'ai eu le malheur de vous rencontrer en débutant un lac Vert. Je m'étais accroché mais je dois dire qu'en arrivant près de la source Mésy, j'avais été plus que ravi de tomber, comme par hazard, sur mes compagnons habituels (dont Ordination et Long Sox). J'avais alors trouvé l'excuse idéale pour pouvoir m'éclipser dignement et terminer ma randonnée sur un rythme disons plus ... civilisé.

Au plaisir de ne pas se rencontrer trop souvent sur la route !