Le prestigieux Riverbend Cycling Club (RCC) regroupe des gentleman d'Alma qui prennent plaisir à rouler ensemble, le vent de dos, en descendant les côtes. Ce blog a pour but de planifier et de commenter les sorties à vélo. Au-delà de l'anecdote, ces récits sont des leçons de courage et de vertu, mettant en scène des athlètes bedonnants et grisonnants qui embarrassent les routes sans aucune gêne...

jeudi 24 avril 2008

Le sprint de Patrice

Alma-Lac Samson. 60 km. (34 k/h moy) 15°C
par Red
Le cyclisme est une école d'humilité.
Voilà un adage que j'entends depuis trente ans et qui repose sur le fait que, à vélo, sauf pour Lance Armstrong, on se retrouve souvent confronté à des athlètes plus forts, qui nous mènent la vie dure. Et parfois même confronté à des cyclistes plus faibles mais qui se trouvent dans un meilleur jour.
Ce vieil adage se confirme à chaque sortie depuis le début de la saison.
Encore tout à l'heure, on roulait à quatre sur la 170 entre Larouche et Jonquière. J'ai pris mon relais devant Pierre Landry, Patrice Gobeil et Harold Lavoie. Le vent était légèrement favorable. Je roulais à bloc, tête baissée, concentré à maintenir le rythme autour de 38 km/heure, quand un cycliste est apparu dans le peloton... C'était un coureur de l'équipe de compétition EVA Devinci, Charles Thibeault, qui sortait du village de Larouche et qui nous avait facilement rattrapé.
Alors que j'avais du mal à maintenir le rythme, l'ami Charles roulait à côté de moi, du côté du vent, en jasant tranquillement, les mains en haut du guidon. Il se reposait, l'animal... J'aurais bien voulu lui parler -- il est chaleureux, sympathique -- mais j'étais trop essoufflé.
Voilà ce qui s'appelle une leçon d'humilité.
Une leçon de courte durée parce que Charles a filé droit vers Jonquière une fois rendu à l'échangeur.
Au retour, avec le vent de face, le rythme avait baissé autour de 30 km/heure. Je trouvais que Patrice et Pierre maintenaient la cadence plus facilement que moi, mais il faut dire qu'ils sont tous les deux... disons... plus costauds. Et comme le dit si bien mon mentor, Roger Filion : une roche est plus solide dans le vent qu'une feuille de papier...
Je veux bien le croire, sauf que Harold Lavoie, poids plume par excellence, était de loin le plus fort des quatre dans le vent. Il montait le rythme de 5 km/heure à chaque relais, et il maintenait la pression sans faiblir, même dans les côtes. Le pire, c'est qu'il ne le faisait même pas exprès...
Bref, je suis écœuré en ostie d'avoir des leçons d'humilité !
En plus, j'avais la chance de rouler dans la roue de Patrice qui protège bien du vent, alors que lui roulait derrière Harold qui n'offre pas l'ombre d'un soupçon de protection... Non seulement Patrice ne s'est pas plaint de son sort, mais il s'est permis d'accélérer et de doubler Pierre Landry en fin de parcours... J'ai d'ailleurs sauté dans la roue de Patrice et je restais bien calé derrière lui alors qu'il roulait à fond de train en face de Alma Honda...
-- Qu'est-ce qui se passe ? me demande Harold Lavoie qui est remonté à ma hauteur en buvant une gorgée d'eau.
Pierre Landry n'avait pas suivi. Il était déjà loin derrière.
-- Heu... Patrice fait un sprint... que je réponds, un peu gêné.
-- C'est un sprint, ça ? demande-t-il en avalant une autre gorgée d'eau.
Patrice avait perdu de la vitesse et restait bien assis sur son vélo...
-- Si on veut... oui... en quelque sorte...
-- Et on a le droit de faire ça ? s'étonne Harold qui ne connait pas encore les us et coutumes du Riverbend cycling club.
Je n'ai rien répondu mais, non, on n'a pas le droit de faire ça. Un sprint, oui. Mais pas ça.

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