Chambord-Lac-À-La-Croix et retour. 85 km. 35 moy. 22 C
J'ai participé à ma première course depuis au moins cinq ans et, compte tenu des circonstances, je suis plutôt fier de mes performances. C'est Mister Clean qui m'a convaincu de m'inscrire à la Chambordoise, une cyclosportive de 85 kilomètres organisée de main de maître par Claude Laroche du club cycliste de Roberval.
On était environ 160 cyclistes au départ, à Chambord. Je dois avouer que, en apercevant les meilleurs coureurs de la région, j'avais un peu la chienne, ce qui se manifestait par une envie permanente de pisser (nervous piss). On a beau être vieux et n'avoir rien à prouver, on espère toujours avoir la force de rouler dans le peloton, pour vraiment vivre le feeling de la course.
Dès le départ, j'ai compris que le ticket pour le peloton ne serait pas donné. Comme dans toutes les courses, les plus forts se sont appliqués à faire le ménage pour distancer les faiblards (et réduire les risques de chute). Dans la première montée, j'ai vu les autres membres du prestigieux RCC se faire larguer et j'étais tenté d'aller les rejoindre. J'ai cherché des yeux mon ami Sushie Dauphin mais il n'était pas là. Par manque d'expérience, il s'était placé à l'arrière du peloton, et l'élastique a cassé... Dans une course, il faut constamment lutter pour être bien placés dans le peloton. Le problème, c'est que les meilleures places sont aussi les plus convoitées.
Heureusement, avec les nombreuses côtes abruptes, c'était un parcours tout tracé pour les grimpeurs. Même si le rythme était élevé dans les montées, j'avais le temps, une fois sur le plat, bien caché au cœur du peloton, de reprendre mon souffle... jusqu'à la prochaine côte. J'avais de bonnes jambes, un moral d'acier, un vélo propre, des lunettes neuves, et je me suis mis à croire à mes chances de finir dans le pack. Sauf que...

Au plus vite de la plus longue descente, un coureur a heurté une roue à 75 km/heure, et son vol plané était de toute beauté ! Mais je ne l'ai jamais vu retomber... Je me suis retrouvé dans un fossé, la face dans l'herbe, les lunettes cassées... Tout ce que je me souviens, c'est d'avoir heurté mon ami Louis Potvin, un autre malchanceux qui a chuté en cascades comme dans un jeu de domino.
J'avais quelques ecchymoses, une douleur aux côtes, mais rien de cassé. Dopé à l'adrénaline, j'ai redressé mon guidon et ma selle, rembarqué ma chaîne, puis j'ai repris la route comme si de rien n'était. Un groupe de chasse s'est aussitôt organisé pour tenter de rejoindre le peloton, une mission totalement vouée à l'échec et extrêmement pénible. Car s'il est difficile de garder sa place dans le peloton, c'est dix fois pire de vouloir y retourner une fois largué -- d'autant plus que, règle générale, les meilleurs rouleurs sont à l'avant, pas à l'arrière...
On était une bonne vingtaine de cyclistes dans le groupe de chasse et, de ce nombre, j'en ai remarqué deux qui ressortaient du lot. À commencer par Pocahontas, la jeune fille de 18 ans de Roberval dont André Bear Ouellet m'avait parlé. Aussi grande, belle et racée que Audrey Lemieux, il s'agit d'un véritable phénomène qui a fini première chez les femmes. À chaque fois que quelqu'un criait "Let's go les gars"... elle répliquait : Et les filles ? Puis elle se plaçait à l'avant du peloton pour crisser un coup qui faisait des victimes à tous les tours.
L'autre phénomène est Sébastien Brassard, un informaticien de 210 livres qui s'entraîne avec le petit Maxime Girard, le gagnant de la course. Il a donc l'habitude de souffrir... Fort en gueule, il encourageait tout le monde et, malgré son poids, il arrivait toujours parmi les premiers au sommet des côtes, à force de courage et de volonté. Il incarne parfaitement l'expression avoir du chien -- mais un gros chriss de chien de 210 livres !
Après la longue descente de cinq kilomètres précédant l'arrivée, j'ai pris l'initiative de lancer le sprint et, avant le dernier droit, je me suis retourné pour voir mes poursuivants. Il y en avait un seul, et pas le moindre, Yvan the Terrible Truchon en personne, que j'ai eu l'honneur et la fierté de battre au sprint !!!
Bon joueur et parfait gentleman, il est venu me féliciter après la course :
-- Et comment tu tu sens, mon Dan, après ta chute ?
-- Pas si mal. J'ai un peu mal aux côtes, aux bras, aux jambes, à la tête, au coeur, aux dents et aux oreilles, mais à part ça, ça va.
-- Ma blonde, Cécile, avait peur que tu perdes conscience après l'arrivée. Elle dit
que tu étais blanc comme un mort.-- Pour ta battre, Yvan, j'étais prêt à mourir. J'ai même vu le tunnel noir...
Pieux chevalier du sport, Yvan a bien aimé l'idée que j'avais frôlé la mort pour gagner le sprint. Je n'ai pas osé lui dire que j'étais blanc à cause de la crème solaire. C'est beaucoup moins héroique. Et poétique.
TÉMOIGNAGE DE MISTER CLEAN
Sans doute avez-vous lu le résumé de  Ti-Red et sa très belle performance.  Voici ce qui concerne ma  prestation à cette épreuve vallonneuse (le mot est faible).
Dans les jours précédant la course,  j’apprends que Jean Lemieux (père d’Audrey), veut faire mieux que  moi cette année.  Il n’a pas digéré ma prestation de l’an  dernier.  Où plutôt sa prestation par rapport à la mienne.   Mon ambition est donc d’asseoir ma suprématie sur ce très intense  Johnny Boy. 
Dès le départ, Johnny Boy s’accroche  au peloton de tête.  Pour ma part, je ne peux m’y accrocher,  mais je me retrouve dans un groupe qui veut travailler fort.  Le  costaud Sébastien Brassard, l’élève cycliste de Maxime Girard,  est aussi de la partie et nous menons ce groupe d’une douzaine à  trois ou quatre rouleurs.  Quelques uns sont largués, quelques  autres se joignent à nous à notre passage.  Ainsi, « M. Véloroute »  (David Lecointre), s’accroche et roule dans notre groupe.
Dans la descente de St-André vers Métabetchouan,  les bénévoles et les voitures arrêtées nous demandent de ralentir.   Une chute est survenue dans le pack de tête.  J’aperçois alors  Ti-Red un peu plus loin sur la route.  Lui aussi se joint à nous.  J’apprends alors qu’il fait partie des tombés, mais que les séquelles  sont bénignes au point où il peut continuer sa course.  Nous  voilà donc repartis, avec Ti-Red dans mon peloton (WOW!).
À l’approche de la côte du Rang 2  de Lac-à-la-Croix, je veux sortir du peloton pour ne pas avoir à freiner  dans la descente et monter en tête.  C’est d’ailleurs ce qui  se produit mais à la fin de la montée, j’ai le cardio dans le plafond,  et le peloton me dépasse sans que je ne puisse m’accrocher.   Il reste un cycliste avec moi mais nous n’arrivons pas à rattraper  le groupe.
Ce doit être ça qu’on appelle la  « chasse patate ». En remontant vers St-André, je fais un bout avec  le jeune coureur cadet de Proco, Olivier Boutin, qui ne peut se rendre  au village avec moi.  Je dépasse Benoît Lacoursière, un largué  du peloton où j’étais, en lui disant « envoye embarques! » mais  il est crampé et ne peut m’aider.  À peine quelques mètres  plus loin, c’est Vittorio Rosamiglia que je passe, et qui tente de  s’accrocher.  Je le laisse quelques kilomètres après le village  de St-André, dans une petite montée qu’il n’arrive pas à monter  avec moi.
Et je roule seul vers l’arrivée, sur  le gros plateau en me fouettant au maximum.
Je passe la ligne d’arrivée seul.   Je regarde mon chrono qui m’indique 2 :45h.  J’attends la publication  des tempos officiels.
Je crois toutefois que j’ai amélioré  mon temps sur celui de l’an dernier, mais ma stratégie pour la côte  du Rang 2 aura été un échec.
Je vois les participants restants arriver,  et « M. Véloroute » est parmi eux.  J’aurais donc fait un meilleur  temps que lui, c’est au moins ça.
ÉPREUVE DE CONTRE-LA-MONTRE DISPUTÉE LA VEILLE
Toujours dans le cadre de la cyclosportive « La  Métabetchouane », une épreuve de contre-la-montre en équipe de deux  était organisée samedi le 9 août, la veille de la course sur route.   De type « gentlemen », les équipiers de plus de 45 ans donnaient des  minutes de bonification qui étaient déduites du temps réel fait par  l’équipe.  Dans cette optique, j’avais recruté l’ÉQUIPIER,  notre cher Yvon Fortin de 69 ans (qui nous donnait 2 minutes et 24 secondes).   Ces minutes et secondes de bonification viennent modifier les temps  réels et peuvent bouleverser substantiellement un classement.   La qualité des équipes aussi.
Nous nous rejoignons donc au Centre communautaire  de Chambord, Yvon et moi.  Chanceux, nous bénéficions de l’indéfectible  support de Louise, l’épouse d’Yvon, qui sera notre photographe.
Nous faisons une reconnaissance du parcours,  peut-être un peu vite, et nous attendons le départ.  L’occasion  nous est donnée de voir les autres équipes; certaines sont venues  pour s’amuser et d’autre semblent être venues pour gagner.   Il fallait voir le chicoutimien Sylvain Thibault avec son vélo de contre-la-montre  et son casque profilé, s’échauffer sur un rouleau qu’il a apporté  pour l’occasion.  Il était accompagné de Réjean Asselin.   Ils sont forts, et ils ont l’air sérieux.  Il fallait aussi  voir les frères Dallaire (Denis et David) d’Alma, ainsi que Simon  Thibault et la jeune coureuse junior Évelyne Gagnon, elle aussi dotée  du vélo muni d’extensions de guidon et d’un casque profilé.   Pour eux aussi, ça semble sérieux en tout cas.  
Quant  à Yvan The Terrible, il  avait choisi Lucien Fortin de Lac-Bouchette comme équipier (Lucien  est un bon cycliste de plus de 60 ans, et Yvan a, lui aussi, plus de  45 ans).  Seront-ils les hommes à battre?
Dans une optique d’épreuve sociale  et ludique, j’attendais le duo formé de Fox et Lady, qui ne se sont  pas présentés.  J’aurais aussi pensé que Maxime Girard pourrait  faire l’épreuve avec son père Michel, mais ils n’y étaient pas.
Nous prenons donc notre rang de départ,  le douzième sur dix-huit équipes.  Nos successeurs sont des jumeaux,  les frères Guillaume et Philippe Dumais-Beaulieu de Lac Bouchette.   Deux étudiants universitaires, jeune vingtaine, qui en sont à leur  première saison à vélo.  Pas loin dans la file, il y a aussi  J-F Boily et Renée-Claude Guy (alias Pocahontas), qui a 17 ans et qui  en est, elle aussi, à sa première saison.  Ces deux équipes  sont mes découvertes de la journée :  les jumeaux nous ont doublé  alors qu’ils étaient partis 30 secondes après nous (pour un vrai  chrono de 19 :40), et Renée-Claude tient très bien la roue de J-F Boily,  prenant même ses relais (dans son cas, j’étais déjà ébahi avant  même sa performance éblouissante à la course sur route du lendemain).
Et quel temps avons-nous fait?    Un beau 19 :46, qui a été pondéré à 17 :22, pour une neuvième place  sur 18 équipes.
Et le « vrai » meilleur temps?   Celui des frères Dallaire d’Alma, avec un chrono de 16 :45.
Et les gagnants? The Terrible et Lucien,  qui ont fait 19 :23, pondéré à 16 :20, vu leurs âges vénérables.
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