Le prestigieux Riverbend Cycling Club (RCC) regroupe des gentleman d'Alma qui prennent plaisir à rouler ensemble, le vent de dos, en descendant les côtes. Ce blog a pour but de planifier et de commenter les sorties à vélo. Au-delà de l'anecdote, ces récits sont des leçons de courage et de vertu, mettant en scène des athlètes bedonnants et grisonnants qui embarrassent les routes sans aucune gêne...

jeudi 28 août 2008

La listériose

Alma-Métabet (véloroute), 70km, 31.5 moy. 28C

par Ti-Red
Mister Clean a une mémoire phénoménale. Il m'a rappelé un épisode pas très glorieux de ma carrière de cycliste que j'avais réussi à oublier.
-- Ça me rappelle le Sonic de St-Méthode, m'a-t-il lancé innocemment au moment où je sortais des toilettes du Rigolet.
Je n'avais pas du tout envie de rigoler. J'avais tellement mal au ventre que je pensais avoir la listériose. Les gargouillements inquiétants ont commencé à m'importuner dans le village de St-Gédéon. On roulait mollo depuis le départ de Riverbend, Mister Clean et moi. Il faisait très chaud, autour de 28 degrés. On n'est pas habitué à une telle chaleur.
Quand on est arrivé au Rigolet à Métabetchouan, je n'ai même pas jeté un seul regard aux filles en bikini qui s'exhibaient sur la terrasse. En voyant que la porte du chalet était ouverte, j'ai manqué foncer jusqu'aux toilettes à vélo tellement j'étais pressé.
Heureusement, le chalet était désert, contrairement au Sonic de St-Méthode.
Ça faisait au moins cinq ans que je n'y avais pas pensé...

On faisait le tour du lac Saint-Jean en petit groupe et d'une seule traite. Je me souviens de Mister Clean, Bear, mon'oncle Yvon, le gros Siffleux... Un tour du lac de marde (au sens propre et figuré) !
On était parti d'Alma en plein soleil, tôt le matin, et au bout de 60 kilomètres, avant d'arriver à Ste-Jeanne D'arc, il avait commencé à mouiller. Et la pluie n'a jamais cessé. On a roulé une centaine de kilomètres sous la pluie froide, sans dire un mot, en grelottant...
Je ne sais pas si c'est à cause de la pluie ou du froid, mais j'ai commencé à avoir mal au ventre dans le milieu de la Friche. La pluie était devenue d'intérêt secondaire. Je pensais à une seule chose : trouver une toilette au plus vite !
Et tel un oasis dans le désert, je n'ai pu me retenir de crier ma joie en apercevant le Sonic à la sortie de Saint-Méthode. Une joie de courte durée.
La station-service était minuscule : dix pieds carrés. La toilette, grande comme un garde-robe, était à l'intérieur du commerce, tout juste à côté du comptoir, derrière lequel se trouvait la pompiste, une très jolie jeune fille...
-- Excusez-moi, est-ce que je pourrais aller aux toilettes ?
Elle a hésité, et je la comprends : j'étais trempé de la tête aux pieds, la face sale, les lunettes toutes croches sur le bout du nez. D'ailleurs, en temps normal, jamais je n'aurais osé faire mes besoins dans ce trou-là -- à deux pouces du comptoir et de la pompiste -- mais c'était une question de vie ou de mort.
Je me souviens du mal que j'ai eu à retirer mon maillot trempé, collé à ma peau. Par accident, ma bombonne de CO² est tombée dans les toilettes. Il n'y avait aucun crochet, rien, pour accrocher mes vêtements, que je tenais dans mes mains. J'étais tout nu, avec mon casque de vélo sur la tête, et mes lunettes de soleil...
J'entendais la pompiste parler très clairement au téléphone derrière le mur en préfini... mais sa conversation s'est arrêtée net quand j'ai commencé à remplir la toilette, dans un concert de pets incontrôlable!
Pour faire diversion, j'ai tenté de flusher la toilette mais, à mon grand malheur, il ne se passait rien... La cuvette était pleine à ras bord (la bombonne de CO² flottait sur le dessus) et la chasse d'eau était brisée. L'odeur était épouvantable. L'enfer total.
S'il y avait eu une fenêtre dans la toilette, c'est sûr que je m'enfuyais par là... J'ai même songé à défaire les tuiles du plafond et à rester caché dans la toiture jusqu'à ce que la pompiste retourne chez elle.
En désespoir de cause, j'ai ouvert la porte brutalement et je suis sorti presque en courant, sans jeter un regard à la pompiste qui est sans doute morte d'empoisonnement.
Mes compagnons m'attendaient dans le stationnement. Ils buvaient de l'eau et mangeaient tranquillement des barres tendres. J'ai sauté sur mon vélo et je suis parti en sprintant, debout sur les pédales.
-- Vite, on décrisse, kaliss, on décrisse !
Sur le coup, ils ont dû penser que j'avais fait un hold-up. D'ailleurs, c'est probablement ce que j'aurais dû faire en sortant des toilettes pour détourner l'attention de la pompiste. En tout cas, elle a dû trouver la journée longue.
Je ne suis jamais repassé dans le village de St-Méthode.
Est-ce que le Sonic est toujours là ?
Ils ont peut-être été contraint de le démolir après ça.

COMMENTAIRE DE SUSHI

Mon cher Red, tu n'y es pas du tout. J'ai lu un reportage il y a quelques années, dans un magazine, sur un grand et ambitieux projet de gazoduc de la compagnie Sonic.
Le journaliste interviewait la conceptrice et responsable de ce projet, soit une toute jeune Ingénieure originaire de St-Méthode, et qui, travaillait comme pompiste dans une de leur station service l'été.
Dans le reportage en question, la belle Ingénieure avouait simplement que l'idée de génie qu'elle avait eue "émanait" d'une rencontre avec un cycliste inconnu.
Un peu plus loin dans le reportage, elle parlait d'observation de gaz comprimé et de matière ayant un grand potentiel énergétique, d'ou l'idée de génie.
À l'époque de la lecture de ce reportage, j'avais trouvé cette histoire, un peu spécial et sans trop d'importance, mais après avoir lu ton texte, je peux mettre avec certitude un visage sur le géniteur de cette idée extraordinaire, c'est une tout autre affaire
Comme quoi, faut croire qu'il y a toujours un bon côté dans toute chose, et même dans les situations embarrassantes.

COMMENTAIRE DE FOX

On m'a toujours dit que j'avais beaucoup d'imagination mais j'avoue bien humblement que là j'en manque pour être aussi écoeurant que Ti-Red.




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